L’été, on lit dans les champs

p>012 Un petit groupe,  un collectif,  se réunit juste pour se lire des textes,  les faire résonner, en parler, les  partager, les génisssons parqués non loin  se sont rapprochés, ont formé un éventail, et semblaient  écouter, les grenouilles ont commencé à répondre vers vingt et une heure, et on a appris que l’expression « entre chien et loup » avait beaucoup intrigué Jean-Paul Kauffmann.

Des textes  très divers, de Mistral,  Prévert, Olympe de Gouges, Benoîte Groult,  Noëlle Châtelet  et de moi-même…

La nuit tombait doucement, on a continué à parler dans le noir, Marie-Jeanne a    lu  son  dernier poème  à la torche…

On était bien…

le temps, la plus commune des fictions

le temps, la plus commune des fictions Une réflexion qui rassure, fait du bien, montre que le temps est une notion fabriquée, comptée,  pour mieux nous exploiter, et que se placer dans le flux,  et non s’arcbouter contre, vivre le présent est la meilleure façon de se déprendre de son angoisse.

 » Certes, l’humain mourrait toujours s’il n’y avait pas la mise en scène tragique du temps compté, mais il ne serait pas tué par le temps qui est dans sa conscience comme un ver dans le fruit.  Sans cette infiltration des consciences par le temps,  peut-être aurait-il moins peur de vieillir,  de mourir peut-être aurait-il moins d’angoisses pathogènes »

Véronique Le Ru  P 164; PUF  2012

librairies amies

A Lyon

Terre des livres

Librairie Passages

Le bal des ardents

Café-lecture Le Tasse-livre

Les vendanges tardives

A Saint-Claude

Chez Zadig

A Saint-Laurent en Grandvaux

Le grenier fort

A Arles

Actes-Sud

A Banon,

Le bleuet

A Vienne,

Les lucioles

A Valence,

L’oiseau siffleur

 

Un petit lac pas trop grand

Tout à coup, on est à découvert dans le monde

lac de l'abbaye 2Tout à coup, on en a fini des
innombrables désirs, soifs , attentes, envies, désillusions, tout à coup, on descend et on ne trouve plus les
nœuds des troncs torturés, les nœuds dans les laines mitées, les nœuds dans les
phrases obscures, les hésitations aux carrefours, les peurs de.. les soucis de…

Tout à coup, il y a au fond de soi un petit lac pas trop
grand, eau claire, une minuscule plage, une
barque un peu vétuste, un arbre , pas un beau saule ni un chêne majestueux, non,
un frêne très humble, un jeune sureau,
il n’y a pas de monastère imposant de cellules, de cloitres à galeries et de moines savants, juste une petite chapelle, au
sol fait de grandes dalles branlantes, certaines sont gravées de noms, de disparus,
Et alors ? Ils le savaient, ils l’ont accepté.

Tout à coup, ce petit lac peut
être vaguement brouillé par une brise, où même traversé par un pédalo, une planche à voile, des enfants crient et s’éclaboussent.

C’était ça ! C’était ça et si peu, ce que tu attendais, craignais, tu as tant cherché et c’était là, au
bord du lac, une cabane aux planches délavées, une table et un lit, devant la cabane, une terrasse minuscule sur pilotis, un vieux est assis là, son visage est
entièrement ridé mais ses yeux sont rieurs.

C’était ça ! Et pourtant, tu
attendais toujours, à la fin d’une soirée, tout le monde parti, tu attendais
encore, après un livre, tu voulais en
commencer un autre, et les cerises cueillies, tu avais déjà la nostalgie de la récolte, le
dimanche soir, tu pleurais d’angoisse, et le 31 août, tu ne dormais parce que
l’été était fini. Mais la course s’est arrêtée, le sable soulevé par les chevaux,
les chars, les voitures est retombé, sur
la piste, assieds-toi, vieux berger, couvre
toi de ton burnous, reprends la contemplation des étoiles, tes cris rauques d’appels au troupeau, ta
canne, reprends ta pause à peine dérangée par la folle cavalcade qui a passé
comme un rêve !

C’était là et tu as mis tellement
de temps à arriver que le soir est presque tombé ; Où étais-tu partie ? Tu te cachais dans les bois, tu
étais seule dans les villes, individualité tremblante cherchant des noms de
rues, tu ne savais pas qu’au bord du lac, il y a toujours quelqu’un, les
planches de la cabane deviennent grises, les hirondelles sont moins nombreuses,
mais il est là, plein des vases des
années passées, plein des vies déjà transformées, il est là, frais,
vivant, rond, cours le monde, il
rafraichira ta soif, cours le monde, il apaisera ta fièvre. C’était ça, si
simple, si près, si facile et tu ne le
savais pas, tu allais ton train d’enfer,
tes désirs secs, tes joies pleines de larmes, te croyant satisfaite, tu allais, fermée et toujours déçue.

Mais soudain, une tendresse de
petite fille câline te déborde, n’aies pas honte, cours avec les autres
enfants, cours dans l’eau heureuse.

La singularité de l’écrivain, d’après Charles Juliet

Lumières d’automne Charles Juliet journal VI 1993 1996

bourgogne , suisse et burkina fasso 004P 85 « Claude Duneton, il est à sa table dix heures par jour. J’avoue qu’il m’a rendu honteux moi qui ne peux écrire que le temps d’une courte après-midi

Avoir un son pour un musicien de jazz, c’est avoir un son qui n’appartient qu’à lui. Un son où passe l’essence de sa personnalité, et qu’on peut très vite identifier. Pour l’écrivain, il se pose le même problème. Sa singularité doit infuser les mots qu’il emploie, façonner sa langue, son style. Tant qu’une écriture  ne porte pas le sceau d’une singularité, elle reste impersonnelle et tout ce qu’elle véhicule s’en trouve banalisé, appauvri »

NDLA  Je crains que ce soit mon cas

Les livres avec lesquels, j’ai vécu une forte rencontre ils sont là sur mes rayons près de ma table à portée de main, et de temsp à autre, j’en prends un et en lis deux ou trois pages

P 125 Je voudrais dire maintenant ce qu’on aura peine à croire : quand je publie un livre, je m’en détache aussitôt et je ne me préoccupe pas de savoir ce qu’il devient. S’il a une certaine valeur s’il porte en lui une suffisante énergie, je suppose qu’il trouvera les lecteurs qu’il peut intéresser. Mais si cette valeur et cette énergie lui font défaut, il va de soi qu’il sombrera dans l‘oubli et qu’il n’y aura pas ç le déplorer. On comprendra donc que je n’ai pas besoin de recevoir des éloges et que je ne suis pas atteint par la critique si sévère soit-elle. Je précise aussitôt qu’il n’y a aucun orgueil dans ma position. En fait, l’essentiel se joue au long des heures de travail, quand je creuse  ma substance pour y chercher les mots qui rendront au plus judet ce que je veux dire. En obéissant à la nécessité que je subis, je suis en plein accord avec moi-même et ce qui est d’une extrême importance, et sur cet accord, nul ne peut jeter une ombre.

Ecrire est un acte grave. J’écris donc avec une sincérité et l’honnêteté dont je suis capable. Le texte une fois publié si on lui reconnaît des qualités, je n’ai pas en tirer avantage. J’ai simplement écrit ce que j’étais contraint d’écrire. Dès lors, je n’ai pas à attendre de compliments. A l’inverse, si on estime que ce texte est dépourvu d’intérêt et que ce serait perdre son temps que de le lire, alors, je n’ai rien à répondre. Il n’en demeure pas moins que j’ai la conscience tranquille de l’artisan qui n’a rien à se reprocher. Je ne peux ni faire mieux ni faire autre chose.

Venez écouter Thierry Beinstingel le jeudi 30 mai à 18h 30 à la BM de Lyon

Cycle L’Écriture au travail

Jeudi 30 mai à 18 h 30
bibliothèque de la Part-Dieu

Quatrième dialogue :
Le Langage du travail,
Thierry Beinstingel et
Christian Chevandier

Médiation : Chantal Michel, université Lumière-Lyon 2.

La littérature s’intéresse désormais de façon directe au bouleversement profond que subit l’emploi salarié (ou non). Chercheurs et écrivains de conserve nous aident à prendre conscience et à résister..

En partenariat avec le laboratoire de recherche Passages XX-XXI de l’université Lumière-Lyon 2.

Tailler la route

Toujours tiraillée entre l’envie d’un calme sédentaire, d’une table d’écriture, à jamais placée devant la  même fenêtre,  de rituels quotidiens, d’horaires réguliers, ce qui,  d’après tous les écrivains,  est absolument nécessaire,  et l’autre envie puissante,  renaissante à chaque printemps, jamais fatiguée par l’âge, que je calme en longues marches dans les monts du Lyonnais,  l’envie de tailler la route ; alors je lis des livres de voyages, des carnets de route.

Hier,  deux  récits Chemins d’eau de Jean Rolin, ses vagabondages le long des canaux de France, j’ai été souvent agacée par ses discours persifleurs,  son regard trop consterné par la laideur.

Mais, après,  je me suis lancée à corps perdu sur la route de Sylvain Tesson dans Eloge de l’énergie vagabonde,  je l’ai  suivi à travers les steppes de l’Ouzbékistan, de l’Azerbaïdjan,  le long des pipelines et gazoducs, je le suis,  affamée de ses aventures,  éperdue d’admiration et d’envie comme une adolescente. Une halte, une rencontre, une route,  une pensée, mais jamais ennuyeuse,  jamais un poncif, il va toujours à l’os.

eloge de l'énergie vagabonde« L’énergie déserte les êtres qui connaissent trop bien les labyrinthes de leur vie, ceux qui n’attendent  plus rien  des instants à venir, et ceux, qui par peur, de l’inattendu s’enferment dans le mur de l’habitude. A chaque tic-tac de l’horloge du temps, les parois leur renvoient l’écho du tic-tac précédent au lieu de leur chanter la musique de l’inconnu. Pour avancer dans le couloir du temps, il faut donc choisir son camp en saisissant son arme : soit un bouclier frappé au blason de l’habitude, soit une épée tranchante pour faucher l’obscure lumière de l’imprévisible.

Le voyage constitue le terrain idéal de la nouveauté. Le vagabond y combat à chaque instant le racornissement. Son chemin est pavé d’imprévu. L’incertitude de son sort l’oblige à se tenir en éveil. Chaque pas peut cacher une chausse-trappe, chaque kilomètre et  chaque minute receler le germe de l’improbable. L’inattendu le guette au détour de la laie.  Il voyage dans l’espoir de recevoir sans cesse la gifle de la  nouveauté,  la piste est sa centrale énergétique.  Le voyage,  l‘intervalle entre les habitudes. Les Sarmathes et les Scythes dont je foule l’aire,  les racleurs d’horizon et les  nomades du monde entier se sont adaptés corps et âmes à l’imprévu. Ils avancent, sereins, préparés à l’affronter. Le sédentaire,  lui s’est installé pour l’abolir. » p 53 54

la souffrance au travail: troisième dialogue

L’ECRITURE AU TRAVAIL – Troisième dialogue : La Souffrance au travail, Tatiana Arfel et Marie Pezé
Conférence, débat
L_ecriture-au-travail-72.jpg

Le laboratoire de recherche Passages XX-XXI de l’université Lumière-Lyon 2 organise durant les mois qui viennent un séminaire intitulé « L’Art au travail. Représentations artistiques et représentations sociales du (monde du) travail depuis les années 1968 ». Des manifestations artistiques et scientifiques l’accompagnent, à Lyon 2, à l’ENS, au Théâtre des Ateliers, à la Bibliothèque.

La littérature s’intéresse désormais de façon directe au bouleversement profond que subit l’emploi salarié (ou non), et depuis toujours le roman, au sens de genre littéraire, secoue l’entropie des idées reçues, féconde la pensée scientifique et permet aux questions qui n’ont pas encore été posées de l’être. Chercheurs et écrivains de conserve nous aident à prendre conscience et à résister.

Nous proposons donc quatre dialogues (L’Histoire ouvrière, La Condition prostituée, La Souffrance au travail, Le Langage du travail) entre un écrivain et un chercheur.

Troisième dialogue : La Souffrance au travail, Tatiana Arfel et Marie Pezé

Tatiana Arfel, écrivain, a publié Des clous, chez José Corti, en 2010. Ce roman qui décrit une entreprise qui vend du vent, très cher, très coté en Bourse et très discutable, n’est pas un roman d’anticipation. Tatiana Arfel est co-fondatrice du collectif « Penser le travail ».

Marie Pezé, psychanalyste et docteur en psychologie, est l’auteur de Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés, journal de la consultation « Souffrance et Travail » 1997-2008, Pearson, 2008 ; et avec Rachel Saada et Nicolas Sandret, À armes égales, souffrance au travail, comment réagir, même éditeur, 2011.

Médiation : Maryse Vuillermet, université Lumière-Lyon 2.


Dates (cliquez sur un lieu pour obtenir plus d’information)

Le 09 avril 2013 de 18:30 à 21:00

Retour du Burkina! Journée de la femme! On fait avec!

bourgogne , suisse et burkina fasso 162bourgogne , suisse et burkina fasso 216bourgogne , suisse et burkina fasso 291Des hommes et des femmes qui ne connaissant pas l’électricité, ni la télévision, ni la radio, n’ont jamais eu de moto, encore moins de voiture,  ni de motoculteur, n’envoient pas leurs enfants à l’école parce que c’est trop cher, ne lisent pas de livres ni de journaux, se marient dans leur milieu et travaillent jusqu’à leur mort. Et pourtant, ils sont gais, ils rient, ils plaisantent, sont élégants comme des princes, sortent des cases poussiéreuses avec des pantalons repassés, des chemises immaculées, les femmes portent des robes avec des cols de dentelles très blanc, Comment font-ils?

Ils disent toujours » on  fait avec »! Les jeunes filles vendent au marché des oranges épluchées à la lame de rasoir ou des petits sacs en plastique remplis de bouillie de mil sucrée.   Avec leurs quelques sous, elles achètent un tissu,  un pagne ou deux pagnes,  c’est la mesure, et  elles vont chez la tailleur, consultent longuement le catalogue de modèles et se font coudre une robe qui tombe à la perfection sur une chute de rein stupéfiante! Pour la journée de la femme, beaucoup s’étaient fait coudre une robe avec un tissu rouge et vert recouvert d’inscriptions Journée de la femme 2013!

La jeune institutrice dans une école sans table,  qui ne parle pas la langue de ses élèves, « on fait avec »,  Latchou sourit devant sa rizière en eau, les vieilles dames dansent avec fougue sous les manguiers, les enfants ont grimpé dans les arbres pour mieux les voir, les Peuls nous photographient avec leurs portables, autant qu’on les photographie,  » on fait avec », les enfants de la Villeneuve de Grenoble  sont venus jouer la batucada avec les enfants des banlieues de Ouaga- dougou, ça bouge en Afrique!