Chronique d’hiver, Paul Auster

chronqiue d'hiver imageJe n’avais presque jamais lu de livre de Paul Auster, je me disais encore un écrivain juif new-yorkais, un humour sophistiqué, une cérébralité folle et puis j’ai lu avec délice Un été sans les hommes de Siri Husverdt et j’ai compris qu’elle était sa femme, et on m’a offert Chronique d’hiver, je l’ai lu par politesse et j’ai été séduite. Comme quand j’ai découvert Charles Juliet, l’impression immédiate d’une familiarité, d’une intimité, d’une présence physique. Comme Charles Juliet, il parle de ses  marches dans les rues, et on est à ses côtés, il raconte de multiples histoires de vies, toutes sont intéressantes, dans toutes,  vibre quelque chose de l’humanité. On le voit écrire dans son studio de Manhattan puis de Brooklyn, comprendre que sa vie serait désormais consacrée  à l’écriture et en être parfaitement heureux.

Des écrivains employés  qui se rendent tous les jours à leur bureau ou table,  le matin et ils arrêtent le soir,  des heures et des heures modestes et travailleuses  et  ils en sont persuadés, c’est de cette régularité laborieuse,   que  naîtront les livres. Comme Emmanuel Carrère, comme Clavel dont je rédige une petite biographie, comme Zola, et tant d’autres.

L’idée géniale de Chronique d’hiver est de partir du corps, de son propre corps, de ses cicatrices, de ses peurs paniques, de ses chutes,  de ses expérience sexuelles, de ses maladies, des lieux où ce corps a vécu,  des accidents de voiture, et à partir de là,  de se promener comme Montaigne d’une histoire à l’autre,  d’un temps à un autre, on est à la fois séduits par cette nonchalance , touchés par cette sincérité , et on se reconnait à chaque page. Il dit qu’il a écrit ce livre très facilement, en  quelques mois, dans un hiver de New-York, d’où le titre! On sent en effet une écriture heureuse, un talent parfaitement maîtrisé, un écrivain à la fine pointe de son expérience et de sa maturité.

J’ai pensé aussi,  en le lisant,  à La fiancée des oiseaux de  René Frégni, qui raconte aussi un hiver sans sa fille à Manosque, ses rencontres,  son quotidien,  ses lectures dans une immense  simplicité de rencontres et de vie, dans une sincérité  et un lâcher prise totale.