Ecriture fugitive, écriture furtive, petit carnet au fond du sac, grand bureau tout en hait de la maison, caché sous les frondaisons, heures volées, heures dispersées, coin de table de bistrot, bord de lit d’hôtel, question gênée, ah tu écris, ce doit être intéressant !
Non, ce n’est pas intéressant ! C’est vital, c’est pulsionnel, c’est agité, c’est frustrant, jamais le texte, le livre écrit ne ressemble à celui du rêve, jamais !
C’est décalant, toujours dans un groupe, une soirée, un repas de famille, la& petite case s’éclaire, et la machine à enregistrer, à noter, à garder se met à pianoter, jamais une jamais sereine, entière, toujours deux, celle qui vit, celle qui écrit celle qui vit pour écrire celle qui écrit pour vivre. Celle qui se détache, se distingue, fait le pas de côté, qui sépare, qui isole, l’autre soi ! L’écrivain est celui qui se réjouit d’une maladie, d’un emprisonnement : Giono a été heureux de son emprisonnement si injuste de six mois à la fin de la seconde guerre mondiale, enfin le bonheur fou d’écrire, juste ça et rien d’autre ! Et Réné Frégni, écrivain de polar va écrire lui aussi en prison et rencontrer Giono qui est justement son voisin à Manosque!
Instant fugitif du matin, de la première heure, du premier moment, de la journée, il est à moi, soif et faim, une heure ou deux pas plus, l’instant fugitif est en allé, il est derrière moi, il a existé.