Petites gouttes de pérégrinations littéraires, Jura, du 13 au 17 octobre 2011

P1040452P1040456La solitude d’Edith Azam, grand et fragile poète, dans les brumes de Croaby, elle se concentre, elle va nous livrer des morceaux de sa chair, de sa douleur, elle va à l’os, elle dénude le nerf, elle plonge tout au fond.

La danseuse, Jason, elle aussi côtoie le vide, à  la Roche Blanche, elle le souligne, ses gestes ourlent la falaise.

Ces artistes sont toutes deux des acrobates de la lumière et des profondeurs.

Je voudrais parler aussi de la grande humanité de Denise Mutzenberg fondatrice et animatrice des Editions Samizdat, en Suisse. Elle me raconte l’aventure de cette maison d’ Editions, entre Histoire et fidélités familiales, le père était typographe, la sœur jumelle écrivain, le fils voyageur et dessinateur. Elle écrit en Romanche, une langue autre, pour ne pas écrire dans la langue et sur le territoire de sa sœur, elle trouve enfin sa langue de poésie.

Jacques Moulin me parle du pays de l’enfance, pays de l’absence, et renacle quand Julien Blaine clame son mépris de la poésie à  la queue leu leu. Après, Julien Blaine explique qu’il désigne par là  la poésie serrée dans les alexandrins, qui l’empêchent de respirer, de se dire, de se gueuler comme la sienne.

Et ses cris sur la place devant la statue de Désiré Dalloz, dada, dada, daloz, et la place qui deveint forum, rien ne se résout mais la parole est lâchée et les cœurs parlent.

Ce qu’il faut dire aussi, c’est que le paysage jurassien, sa puissante ossature de falaises, de barres rocheuses, étincelantes, serties dans les verts coupants des pics et les jaunes dorés des foyards, les trous, les abîmes, les précipices, la violente beauté de ces reliefs est Poésie.