Récits et romans

Mémoires d’immigrés valdotains

L’harmatan, 2002

Mars 1933, Louis Vuillermet part à pied de son village valdotain, traverse les Alpes et tente de reconstruire sa vie dans un petit village jurassien. Ce récit retrace la sortie de la misère d’une famille dont les enfants sont tour à tour bergers, bonnes à tout faire à la campagne puis en ville, bûcherons, débardeurs, ouvriers et ouvrières, boxeurs, champions de vélo. Pour eux, le travail à l’usine, c’est d’abord la liberté. C’est une saga familiale, transmise par les femmes, entre révolte et courage, rage de vivre et fidélité, drames et fiertés.

 

 

 

Et toi, ton pays, il est où?

L’Harmattan, 2006

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Retour  vers les hautes Combes,

L’Harmattan, 2010.

Une journaliste revient dans ses montagnes pour y écrire un reportage. Mais quelque chose la hante. Peu à peu, lui reviennent à l’esprit les événements de l’été soixante-seize. Des jeunes fous de liberté habitaient les fermes abandonnées, vivaient intensément, s’aimaient, se quittaient. Deux récits s’enchevêtrent, celui d’aujourd’hui, celui d’une réconciliation avec son territoire et son passé et celui d’hier,  avec ses bonheurs et ses drames.
Un hymne à ce pays, les Hautes Combes, et à ses habitants

 

 

 

 

 

 

 

Naven,  L’Harmattan, 2010

 

Le naven est, dans certaines contrées et en particulier en Nouvelle Guinée, un très long récit d’initiation ; les femmes âgées initient les jeunes filles   grâce à des récits mythiques, récits de familles, récits des origines. Parfois, ces récits s’accompagnent de spectacles et de déguisements. Le naven porte également le nom  de donner à voir. Dans ce roman, la narratrice   retrace le parcours incroyablement audacieux des jeunes filles de sa famille venues d’Ardèche ou d’Italie pour travailler comme bonnes   à Lyon.  Placées en maison, ces femmes ont tout appris, la ville, les us et coutumes des citadins, la liberté, le déracinement. Mais le prix à payer était  parfois élevé. La narratrice de ce roman, en refaisant leur chemin,  comprend à son tour  que ce qu’elle a refusé de ces  femmes,  ignoré ou méprisé était peut-être son salut.

 

 

 

 

 

 

 

George Besson, vendeur de pipes, ami des grands peintres, Cabedita, 2010.

Cet ouvrage nous livre la biographie romancée de George Besson, autodidacte passionné, parti de rien et devenant, au fil des ans, un collectionneur de toiles sans prix.

En effet, ce Sanclaudien débuta en vendant des pipes dans toute l’Europe. Puis il devint éditeur de livres d’art, vulgarisateur fervent, critique d’art et découvreur de grands talents.

Ce récit nous plonge dans l’effervescence du mouvement des coopératives de Saint-Claude puis dans le Paris des Années folles avec ses impressionnistes, ses photographes et ses écrivains.

George Besson sut devenir l’ami de Renoir, Bonnard, Marquet, Matisse et Dufy, dont il savait apprécier le talent.

Partageant sa passion avec sa femme Adèle, ils devinrent propriétaires d’une collection prestigieuse que les musées de Besançon, de Bagnols-sur-Cèze et le Centre Pompidou abritent aujourd’hui.

L’auteure a voulu faire redécouvrir par cet ouvrage un homme quelque peu oublié. Il s’adresse dans un premier temps au lectorat jurassien parce qu’il est ancré dans la ville de Saint-Claude, dans son histoire et ses mouvements sociaux et, dans un deuxième temps, aux amoureux de l’histoire, de la peinture, de la photographie, du mélange des arts et aux fervents des utopies sociales.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

       Pars! Travaille!

La Rumeur Libre,  2014

Partir, c’est s’arracher aux siens, se couper d’eux, les trahir.

Revenir, c’est être déçu, ne pas retrouver, ne pas les reconnaître. Ce qu’on  avait tant  rêvé n’existe plus.

Tout ce livre se situe dans cette tension, cet impossible équation.

S’y ajoute l’obligation de travailler.  Comme  les ancêtres italiens, partis en Australie à la conquête d’un continent  ou venus en France chassés par le fascisme et la misère, la narratrice part, en Europe, en Algérie.

Tous ses départs sont nécessaires, sont pleins de l’énergie de l’inconnu, mais ils portent en eux aussi le retour la nostalgie et l’horreur du retour. Et on emmène toujours les siens sur son dos, tel  Enée  fuyant Troie en flammes en portant Anchise, son père sur son dos.

Une écriture poétique et réflexive, la terrible beauté du voyage toujours teintée de la nostalgie et de la culpabilité de la trahison.

 

 

 

 

 

 

 

Pendulaires frontaliers, les ouvriers du temps,

La Rumeur libre 2016

Ils habitent une montagne frontière, Jura, Alpes, une montagne aujourd’hui sinistrée, les usines ont fermé une à une, une montagne réservoir de main-d’œuvre pour le riche pays voisin, un eldorado : la Suisse. Ils sont des milliers, toujours plus nombreux, qui chaque matin à l’aube, dans leur voiture toujours plus puissante, prennent la route, affrontent la neige, le verglas, les lacets, le danger, la peur de l’accident, des milliers, qui traversent des villages mourants, des zones commerciales, des zones pavillonnaires, des zones désespérées mais aussi des paysages d’une beauté à couper le souffle qu’ils ne voient pas, ils roulent si vite, il faut arriver à l’heure, la frontière, basculer de l’autre côté, en Suisse, pour travailler, gagner l’argent nécessaire aux belles maisons, aux grosses voitures, aux crédits, au train de vie. Une journée de travail, dans l’autre pays apparemment si proche mais oh combien différent, ouvriers, enseignantes, horlogers, infirmières ou secrétaires, malmenés de n’avoir pu trouver du travail chez eux et parfois en proie de l’autre côté au racisme anti-frontalier. Et le soir après le travail là-bas, revenir en France, basculer à nouveau, ouvriers pendulaires oui, la route, la voiture encore, un entre-deux, un sas entre les deux mondes et comme une déchirure au cœur, n’être de nulle part.
Mais qui sont ces hommes, ces femmes, aux visages endormis du matin et fatigués du soir, ces êtres d’un perpétuel entre-deux dont la vie bascule deux fois par jour, ici, la route, la montagne, la frontière, là-bas, et le soir en sens inverse et le lendemain encore et les autres jours, la vie entière ?
L’auteure, à partir de dizaines d’entretiens a percé le mystère de ces vies minutées, chronométrées, morcelées, elle ausculte les espoirs et touche les rêves enfouis et nous livre un texte ciselé, d’une rare précision, véritable mécanique horlogère, un livre haletant, une ode à ces figures d’humains qui perdent leur vie à la gagner.
Aux confins de plusieurs genres, roman, document, récit, surgit ici un genre nouveau, riche de tous les autres. Il faudrait pouvoir le nommer.

Elmone Treppoz