Valselivres 2023 les 26 et 27 aout 2023
Colloque Mémoire, migrations et récits, le 3 juin organisé par l’association Dans tous les sens
Lors du Festival Ecriture hors les murs 2023, qui aura lieu du 2 au 4 juin, à Vaux-en-Velin, je participerai à un colloque Mémoire, migrations et récits.
Avec Bruno Guichard, rédacteur de la revue Ecart d’identités et documentarise, Serge Duperret, médecin à l’association Méda, et Marie-Christine Gordien, poète , nous débattrons des formes de récits d’exils.
De nombreux ateliers d’écriture, des lectures et des rencontres sont organisés et ouverts à tous.
Le programme détaillé du festival est à retrouver sur le lien ci-dessous
Les événements, la suite, Isabel Ascencio, Le Rouergue, 2022
Enquête intimiste et poignante dans l’histoire familiale et l’Histoire, en particulier les séquelles de la guerre d’Algérie et du rapatriement des pieds noirs, et dans une langue flamboyante.
Le récit est un puzzle tricoté avec maestria où les événements se mettent en place puis s’éclairent peu à peu autour de la figure d’un père mélancolique et dévoré de l’intérieur par la nostalgie du pays. Le Pays, c’est l’Algérie, pays commun aux Pieds-noirs, aux immigrés du village, la famille Taieb et ses dix enfants, même aux soldats de la guerre qui, tout en le martyrisant, en ont aperçu la beauté .
Un reportage sur la mémoire du Val d’Aoste diffusé sur la RAI
Je partage un reportage émouvant pour moi mais aussi, je pense pour ma famille, pour tous les immigrés du val d’Aoste, mais aussi de tous pays.
caveau des lettres le 17 janvier : thème la fête
Lecture d’extraits de 50 bonheurs à portée de main, le samedi 25 mars 2023, lors du salon Magnifique livre, à la bourse du commerce à Lyon
Lecture à Chatillon-en-Michaille, le 9 décembre 2022, sur l’invitation de l’association Amilivre
Lecture d’extraits de Seulement des oiseaux sur un livre, Le vain combat, Le livre des Françoise et 50 Bonheurs à portée de main.
Dernier travail, Thierry Beinstingel, Fayard 2022
Dernier travail, Thierry Beinstingel, Fayard, 2022
Dernier travail, comme dernière semaine de la vie d’un salarié, cadre dans une multinationale, entre nostalgie, sentiment d’un certain devoir accompli, peur du vide, souvenirs innombrables de rencontres, réunions, déplacements, entretiens individuels de réorientation, toute la vie d’un responsable de mobilité adjoint d’une DRH dynamique.
Dernier travail aussi comme travail de mémoire, Vincent, le personnage principal est amené à se souvenir du premier suicide de l’entreprise au moment où le procès très médiatique de l’entreprise se déroule. En effet, un camarade lui demande d’aider une jeune femme à se faire embaucher, il se trouve que cette jeune femme est la fille du premier suicidé de l’entreprise, elle avait neuf ans à l’époque, son père s’est donné la mort un vendredi soir dans le placard où on l’avait relégué, c’était la méthode utilisée par l’entreprise pour se débarrasser d’un tiers des employés, les dégouter, leur faire faire un travail différent du leur, par exemple un technicien réseau devenait employé d’un centre d’appel et s’est suicidé en s’étranglant avec un câble, une façon de dire. Alors il se demande si ce premier suicide était un avertissement que personne n’avait voulu entendre, le début de la longue liste si célèbre de France Télécom jamais nommée mais que tout le monde reconnaît. Et il s’interroge sur l’aveuglement et l’acceptation de tous.
Dernier travail comme travail de réconciliation avec la famille de ce premier suicidé, les rencontrer, aider la jeune femme, sa fille, à trouver son premier emploi, rencontrer sa mère et surtout, son frère qui, le jour du suicide, était devenu fou de rage et avait tiré sur les bureaux, il avait alors été rétrogradé lui aussi comme garde forestier et relégué dans une maison au milieu de la forêt. Réconciliation avec lui-même aussi, avec son aveuglement, la volonté de tourner la page de tous à laquelle il s’est peut-être un peu vite et un peu naïvement plié.
Dernier travail pour lui, le cadre un peu trop zélé mais aussi pour le frère du suicidé, se calmer, accepter, s’ouvrir à nouveau à la beauté de la forêt, observer la majesté des derniers grands prédateurs, les loups. Seul bémol, la métaphore qui court dans tout le texte « l’homme est un loup pour l’homme » devient parfois un peu encombrante.
On reconnaît chez l’auteur son attention à l’humain pris dans l’engrenage des principes de management, de politique entrepreneuriale, on reconnaît aussi son attention à décrire le vocabulaire, les mensonges de la novlangue, les situations, les méthodes des grandes entreprises, comme il l’avait fait dans Ils désertent ou CV mode d’emploi.
Le ton n’est jamais vraiment accusateur, il s’agit d’une description et d’une analyse, non d’un réquisitoire. Et la fin est un peu surprenante. Vidant son bureau, Vincent se pose la question : « aura-t-il vraiment existé dans ce bureau ? » Constat à la fois terrible, on perd sa vie à la gagner, mais aussi libérateur, le travail n’est peut-être qu’un moment de nos vies.
Disparaître, de Lionel Duroy et les écrivains voyageurs
Disparaître, Lionel Duroy, Mialet-Barrault , 2022.
Les écrivains sportifs, voyageurs, à commencer par Stevenson, Hemingway puis ceux de la beat génération Kerouac, menés aussi par l’alcool et la drogue, puis Henri Miller, Lawrence Durrel, puis Nicolas Bouvier et puis les Sylvain Tesson, Emmanuel Ruben et Lionel Duroy d’aujourd’hui me font rêver. Ils n’ont peur de rien, ils vont, à pied, à vélo, s’épuisent, rencontrent des gens passionnants, n’ont pas de souci d’argent, je les admire, comme j’ai rêvé sur Isabelle Eberhardt et Alexandra David Neil.
Moi, j’ai pris la route une seule fois seule dans ma vie et j’ai tremblé comme une feuille, d’ailleurs, j’ai rencontré une tempête de sable, je me suis fait voler mes bagages, j’ai dû retourner à Alger faire 500 km chercher un papier et enfin j’ai trouvé un abri à l’infirmerie du lycée où je devais enseigner. Donc un tout petit départ, de fonctionnaire presque, balisé de tous côtés, et je dois reconnaître que j’ai toujours trouvé des anges gardiens et des toits, je ne suis jamais restée dehors.
Mais je rêve encore, avec eux, grâce à eux, du voyage, de « l’impossible quête ».
Je leur envie aussi leur impudeur, ils racontent ce qu’ils mangent, avec qui ils couchent, le nombre de kilomètres parcourus, leurs douleurs, ils sont leurs propres héros. Et, c’est ce qui nous les rend si proches et si humains. Lionel Duroy a tout sacrifié à ses livres : ses parents, ses frères et sœurs, ses femmes, ses maîtresses, ses amis et, dans ce dernier ouvrage, même ses enfants, il s’en justifie : « Finalement, seules les œuvres d’enquêteurs obstinés de notre intimité pour ne pas dire notre folie, Ingmar Bergman, Thomas Bernard, Fritz Zorn, Saül Bellow, Rainer Maria Rilke, (et moi j’ajouterai Annie Ernaux et Johan Didion) m’auront donné la force de continuer à écrire, sans eux, je me serais peut-être résolu à garder pour moi mes secrets et à mourir d’obésité. » page 160
Ce récit Disparaître est à la fois un récit de voyage, voyage vers l’Est, un roman historique sur le siège de Stalingrad et la fin de la Roumanie communiste, une autobiographie familiale et une réflexion sur l’écriture, la mort, la façon de mourir, ce qu’on laisse. C’est un mélange très déconcertant. Les deux parties, la première sur ses enfants et la seconde, sur le voyage semblent ne pas vouloir se rejoindre et pourtant, c’est la grâce de l’écriture et la passion de l’écriture comme énergie vitale, qui unifient l’ensemble.