Le désespoir a tué l’exotisme, le choc est terrible. Les armes en Kabylie, les soldats, les auto-mitrailleuses et puis les centaines, les milliers d’immeubles neufs, à peine finis, encore inhabités, et puis les Universités toutes brillantes de vitres, et puis les mots « Bienvenue chez nous! Vous êtes ici chez vous! » Cette ouverture gentille qui passe par dessus les miradors et les guérites tout le long de la route vers Biskra. Et puis, le désespoir des jeunes étudiantes d’Alger: » On n’a pas d’endroit où aller, on ne peut pas sortir! » Et puis Gardhïa si immuable qu’elle s’est reproduite, elle s’est clonée, on a construit Gardhaia deux, Benizghen deux, on a reproduit à l’identique l’architecture, même ville, mêmes habitants, il faut être mozabite pour habiter là, mêmes lois coutumières exercées par l’assemblée de quartier. Et puis les voix, les accents: « Tu ne nous a pas oubliés?, tu te souviens de nous! » J’ai revu mon ancien lycée vide à l’heure de midi et le proviseur adjoint qui nous dit que les garçons ne travaillent pas parce qu’ils seront de toute façon au chômage! Que ce grouvernement disparaisse vite, il ne fait rien, il est KO, ni repeindre les immeubles, ni mettre les plaques avec le nom des rues, ni ramasser les poubelles, il augmente les salaires quand les professeurs menacent de faire grève, il ne connait que l’argent parce que lui-même ne fait que voler, que remplir ses comptes en banque. Qu’il parte et que des jeunes du monde entier reviennent.
Bien-sûr, il y a le désert, les chameaux, mais il n’y a plus de nomades, il y a El Oued? et les ponts de Constantine, mais le désespoir a tout recouvert de sa poussi?re!