La nouvelle jeunesse de Pasolini Lectures sous l’arbre 2011, Chambon sur Lignon
Je marche le long des murs de pierre, sous les châtaigniers, je longe le petit cimetière protestant, les tracteurs fauchent le regain tout autour de nous, des fervents, des heureux, devant une comédienne qui lit, un poète, un philosophe qui expliquent leurs livres.
Je mange à la table de SergeAiroldi. Il lit le début de son roman Les roses de Samod. Et nous nous sentons les roses du Gers qui se mêlent à celle d’Arouet en Inde. Nous disons Proust , il sourit il dit La nouvelle jeunesse de Pasolini, les poèmes frioulans. Il cite Je viens de pays garé
J’écoute sous l’arbre dans la cour les poèmes de Darwich lus par Marc Roger
Je vais au Puy entendre contre le mur brûlant de l’église le texte de Danièle Basset
Je mange à l’auberge l’Oustaou avec Mickaèle . J’entends parler de la maison du solitaire de Pierre Loti au fond du pays basque, De Didier Gravelinolor et de ses partisans qui se réunissent pour en lire des extraits, des saisons de Maurice Pons et du poète Elitis, de Lire en poche à Gradignan et de Rencontres à lire à Dax.
Au camping municipal, j’ai eu très froid mais je suis avec Bruce Chatwin, j’entends Le chant des pistes, je cherche l’ ci du monde avec Yves Bonnefoy, j’essaie d’être attentif à la chose première, je me dis que moi aussi je vais nommer pour faire venir le monde à l’existence comme les Aborigènes.
Je suis nourri par le réel plus surprenant plus énergisant que la fiction.
Plus tard, toujours sous l’arbre, j’écoute Claude Burgelin, mon collègue à Lyon 2, si brillant, si fervent, si juste, parler des auteurs d’aujourd’hui. J’entends ses expressions élégantes et puissantes.
Les romanciers d’aujourd’hui n’habitent plus le vieil édifice du roman, l’auteur est aiguillonné d’urgence vitale, il doit aller au vif, aux troncs blancs de l’expérience?. Il doit dire le vif, dire « je ».
Puisque les ancrages se défont, les formes sont atteintes au cœur?
Beaucoup de textes sont des tombeaux , des morts mal enterrés?
En rentrant chez moi, la soif de lire et d’écrire dure encore.