Chaque fois que je vais dans une librairie à Lyon, Saint-Claude, j’ai le coeur serré, j’entends, on ne s’en sort plus, on n’y arrive plus, ça devient trop dur!
Alors quand j’ai vu à Banon la librairie Le Bleuet, ça m’a redonné la foi et le courage d’écrire et de lire.
Deux immeubles, une dizaine de pièces, plusieurs étages, des escaliers, des livres, on me dit 45 000, je ne compte pas mais je vois dans l’entrée, en gloire, en majesté, toute la Pléiade, toute la collection des Cahiers rouges, tout Actes Sud, et surtout les beaux romanciers que j’aime, tous leurs livres sur des présentoirs, tous les Frégni, les Giono, les Magnan, les fils de Manosque, ? tout près.
Et plein de monde, il est midi, il fait chaud, ce n’est pas les vacances, et ils achètent, ils sortent avec les sacs le Bleuet après dans le village,on les reconnaît, beaucoup sont venus exprès et, paraît-il, parfois de très loin.
Et tout ça est venu d’un homme, d’un rêve, Joêl Gattefosse, ouvrier menuisier, de l’Essonne, qui, à cinquante ans, a tout plaqué pour venir acheter une librairie papeterie à l’agonie. Succès de bouche à oreille, succès d’initiés.
On sent là un amour inconditionnel, une science sûre, une expertise et une audace tranquille, celle de ceux qui savent parce qu’ils ont lu, tout lu, tout ce qui sort et qui est bon et qu’ils le conseillent, parce qu’ils savent qu’ils vont offrir du bonheur, c’est tout, ce n’est pas difficile!