L’amour et les forêts, de Eric Reinhardt, Gallimard 2014
Un magnifique récit autour d’une femme Bénédicte, grande lectrice, professeur de lettres, sensible et humaine qui contacte un écrivain pour lui parler avec justesse de son dernier livre.
Sa lettre est si belle et si troublante qu’il la rencontre. Et elle lui raconte sa vie conjugale, un enfer auprès d’un harceleur. Elle lui raconte aussi un après-midi illuminé, passé avec un amant rencontré sur des sites spécialisés, un moment d’amour fou, lumineux, instantané en forêts. Elle lui confie qu’elle a la passion des instants.
Peu à peu, les lettres s’arrêtent et le narrateur se demande ce qu’est devenue sa confidente, la raison de son silence. Là, le roman bascule dasn l’enquête, le narrateur cherche ceux qui l’ont connue se rend dans sa ville, interroge et découvre une réalité différente de ce qu’elle racontait, à la fois plus cruelle et encore plus forte.
C’est aussi un roman à multiples entrées, roman social, dénonciateur de ces pervers harceleurs qu’il faut absolument fuir car ils sont toxiques, très juste sur les descriptions des vies d’aujourd’hui, la vie des professeurs, des esthéticiennes, des jeunes, sur les pratiques actuelles, (la scène de rencontres multiples sur le site est très drôle), un roman d’amour, les scènes d’amour dans la maison de la forêt sont extraordinaires, et c’est enfin un roman sur l’écriture et le pouvoir qu’a la fiction de transformer nos vies pour le pire et le meilleur.
Une écriture magnifique, somptueuse, une construction habile, un chef d’œuvre.