Jérôme Ferrari, A son image, Actes Sud 2018
Du bon Ferrari, on retrouve sa phrase longue sinueuse, précise et imagée qui vous emmène sur les routes de Corse comme sur celles des interrogations les plus philosophiques portant sur la représentation de la mort, sur la présence de Dieu, sur la vocation religieuse…
Un roman puissant dont l’héroïne Antonia, jeune photographe, meurt dès les premières pages et c’est lors de la messe , que le prêtre son parrain et oncle, tout en célébrant à contre cœur sa messe de funérailles, se remémore son enfance passionnée, son adolescence et sa jeunesse coincées au village et sa passion de photographier la vie. Pour vivre sa vocation, elle part pour la Yougoslavie et la guerre et ne ramènera pourtant aucune photo de l’horreur.
Le récit brasse les mystères de la mort, de l’image, de la représentation juste par la photographie, de la cruauté des hommes qui aiment se faire prendre en photo devant des cadavres aussi facilement que le jour de leur mariage.
Un mélange du quotidien trivial d’une jeunesse qui s’ennuie horriblement dans les petits villages corses, qui boit et baise à l’arrière des voitures, qui accepte des codes sociaux d’une rigidité historique et violente, des milieux indépendantistes très mesquins, bravaches et incapables de s’unir, qui finissent par se battre entre eux faute d’ennemi .
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