Tripalium
Lilian Robin
Les éditeurs libres 2008
Ce roman suit le parcours d’un jeune de classe moyenne, Arno Libilin qui, après des études de gestion de la sécurité se retrouve embauché dans l’entreprise Plastic avenir, une entreprise qui représente toutes les usines de matière plastique de l’Ain et du Rhône, elle fait vivre une petite ville, elle appartient à une multinationale, elle est soutenue par les hommes politiques locaux un premier plan social a déjà eu lieu qui a mis dans l’insécurité tous les employés qui acceptent désormais tous les sacrifices pour garder leur emploi, y compris user leur corps, le mutiler, se taire, encaisser des insultes, cela va jusqu’à l’accident, au divorce, …
Arno, dès son entrée en fonction est témoin involontaire d’un très grave accident, un bras arraché, il ne dit rien, couvre un faux témoignage, choisit son camp.
Peu après, la fermeture totale du site est annoncée, les ouvriers n’ont plus rien à perdre, commencent à comprendre l’hypocrisie du discours managérial, s’organisent.
Le récit, dont je ne dévoile pas la fin, de cette lutte se lit comme un bon roman d’actions, à peine exagéré, parfois, le réalisme se complexifie d’un fantastique grinçant, d’un humour déstabilisant. Les nombreux personnages souvent vus de l’intérieur sonnent très justes, ne sont pas manichéens, Le syndicaliste Raymond acheté par le patronat, la DRH, ancienne infirmière, qui élève seule son fils, Lecomte, le patron exemplaire du site, les jeunes intérimaires, l’étudiante en ethnologie au chômage qui accepte de travailler pour ses parents et se blesse, dont personne ne prendra jamais de nouvelles, l’ouvrier qui est un excellent entraineur de football, un pédagogue hors pair… . Les actions se succèdent, les coups de théâtre, les revirements, sur l’ensemble plane la question lancinante: Pourquoi se tuer, laisser sa vie, ses espoirs à fabriquer des objets inutiles ? Comment sortir du piège ?