Annie Ernaux
Seuil 2014
Annie Ernaux est toujours là où on ne l’attend pas, et toujours où il faut être.
Le regard précis, intéressé d’une femme, d’une écrivaine qui fait ses courses comme tout le monde au supermarché et qui se dit que ce lieu n’est jamais décrit dans la littérature alors qu’il tient tant de place dans nos vies. De son écriture ciselée, avec précision et méthode elle décrit les bâtiments, la galerie, les boutiques, dans une approche à la fois ethnologique, sociologique, mais tout en continuant à guetter dans son propre corps et ses nerfs, son ressenti, son soulagement quand elle trouve une place au parking ; son agacement quand le caddie boite, zombies jeux – jeuxdezombie24.com. Elle sait dire aussi la gêne d’être accostée et observée par une lectrice, de son regard qui détaille ses achats, les plaisir de l’anonymat et du collectif, de la chaleur de la galerie l’hiver de sa fraicheur l’été, le plaisir aussi de retrouver un lieu familier et toujours ouvert.
Elle croque des scènes du quotidien, au passage, la fille qui veut faire avouer sa paternité à un jeune homme au milieu de ses copains et qui ricane, la grand-mère qui se bat longtemps avec sa petite fille pour lui refuser un gadget et qui finit par céder, pleine de mauvaise humeur, celle aussi qui s’émerveille des décorations de Noël et qui dit à son petit-fils « regarde les lumières mon amour ».
Elle décortique aussi les tendances, l’adaptation des hypers au public, semaine chinoise, semaient orientale.. les modes, les saisons de la consommation sur une année, le système gras de l’hyper consommation, le secret (interdit de photographier ou d’interroger les travailleurs), à monter à cheval dans le monde virtuel. Et enfin elle se demande si on n’aura pas un jour la nostalgie de ces lieux quand nos commandes se feront par internet,
comme nos mères ont la nostalgie des épiceries de quartier, tant ils nous sont coutumiers et tant ils font partie intégrante de nos vies.