Une journée sans écriture
J’ai eu le soleil, les figues de l’arbre, la gentillesse de l’invité la bonne chère que je lui avais préparée, l’effervescence d’Alain, une bise de mes filles de passage, une visite de ma sœur, un coup de fil de l’autre sur, les mésanges délirantes le matin sur le bord du toit, le pied de courge qui s’avance sur la terrasse, les enfants en guirlande dans la piscine, leur babil le soir à table, leur foot après le repas, vigoureux et malhabile, leurs rires dans la chambre quand tous les matelas ont été déménagés dans la même chambre, j’ai eu la lecture de Giono, Naissance de l’odyssée, et carte de la Bienne que j’avais commandée qui représente exactement le lieu de mon futur roman. J’ai eu tout ça mais je n’ai pas eu l’écriture et ma journée est presque gâchée.
Il faudrait que je préserve ce temps comme une lionne, un temps protégé par des remparts, arrêté, gardé, rien que pour ça, comme une séance d’analyse, une messe pour les catholiques, la promenade des retraités, le tour au jardin des jardiniers.