Organisé par l’APF avec l’énergie de Marie-Hélène Boucand et mon aide, des handicapés aidés par des valides écrivent.
Et des corps déformés, des bouches muettes ou malaxant des bouillies de mots, des têtes sans mémoire sortent, parfois des textes d’une beauté stupéfiant. Voici ceux de C qui a perdu l’usage des jambes et la mémoire un jour de grand soleil sur son vélo.
« Je ne sais plus mon âge mais je vieillis quand même. Mais mon âge quel qu’il fut n’a aucune importance sitôt qu’on aime autour de soi !
Je ne comprends rien aux raisons de l’accident, et m’entête à penser qu’il n’y en avait d’autres qu’orientées au bonheur !
Et j’écris chaque jour, J’ai peur de l’athéisme qui ferme les fenêtres… met en geôle l’amour
CB
Au réveil, curieux, le bruit que j’entendais, avançait au soleil
Elle poussa mes yeux à inonder la chambre, cette odeur de café, comme déjà l’impatience,
Une journée de plus et tout à découvrir, Théodore dans sa chambre trouva lui les mots juste !
Et ils n’étaient qu’un cri , dehors l’oiseau chantait. En même mais sans me souvenir, je
cherchais ce que ce nouveau jour avait bien à me dire… la cuillère qui tinte et encore me
réveille.
C.B.
Ce que je crains
c’est que cela me porte à l’introspection,
au nombrilisme,
à trop parler de soi.
C’est déjà un penchant chez moi,
qui fait de ma cervelle mon plus bel encrier.
Et je n’ai pas de mémoire. […]
Et le jour où tari, t’as ri,
j’arrête, ce n’est pas sans fond !
J’ai toujours écrit, dessiné.
Je suis « presque »
(un presque qui ne tutoie pas grand chose)
heureux
d’avoir maintenant autant de temps pour écrire,
même si mes déplacements
à 6 pieds sur une ligne
ne remplaceront jamais ceux de funambule
à deux jambes lancés sur un long fil…
C.B.