Quelle chance on a à Lyon, cet automne, des écrivains, des amis publient des livres magnifiques, les lisent pour nous.
Ravins de Patrick Laupin à la Rumeur Libre. Patrick n’a jamais cessé d’explorer l’angoisse, la peur, la terreur tapie au fond des nos ravins, « L’angoisse entra très tôt dans mon langage, même pas l’incommunicable, mais l’élément autre, incontrôlable. » Mais avec l’angoisse, il trouve le jaillissement » C’est plus fort que tout, dans l’angoisse atone du sans forme, les mots sortent de leurs sillons, une puissance secrète les pousse au dehors. »
Dans Ravins, il repart de l’origine, la mère qui s’en va sans rien dire, la terreur qu’elle ne revienne jamais, les petits frères qui bégaient, le silence des visages familiers. Ravins est une longue et fervente plongée dans « la blessure ancienne » pour retrouver « le goût sauvage d’exister, pour se laisser transporter dans l’émotion redevenue libre »
Paola Pigani, a écrit avec N’entre pas dans mon âme avec tes chaussures chez Liana Levi, un roman exactement comme je les aime. D’abord un pan d’Histoire oublié, enfoui, honteux, qu’elle déterre avec audace, on savait pour les Juifs mais les Roms aussi ont été internés pendant six ans, interdits de circulation, leurs biens ont été détruits, leurs chevaux tués. Et voilà que d »une voix sûre et haute, elle raconte cette histoire, toute la guerre, leurs privations, leur faim, leurs humiliations, mais elle sait dire aussi leurs rêves, leurs images, leurs coutumes, et surtout leur force. Un regard clair et poignant s’attache à décrire leurs forêts d’avant leur liberté, leur connaissance des animaux, des plantes sauvages, des remèdes, elle voit le camp mais au-delà, les saisons, les destins, les morts, la naissance de tant d’ enfants. » Si les enfants grimpent sur eux, c’est pour regarder la vie d’en haut »
Et on a aussi le recueil de poésies de Frédérick Houdaer Fire notice et le livre très courageux sur le drame des pères divorcés d’Odile Nguyen Shoëndorff Du pire au père chez Jacques André et je me réjouis de lire bientôt Le roman de Lyon.
Vraiment, quelle chance on a !