Biographie de Maryse Vuillermet
Je suis née à Saint-Claude dans le Jura en 1955, et y ai fait mes études jusqu’au baccalauréat. Ensuite, j’ai tudié à Besançon et Grenoble. Puis, après trois ans d’enseignement en Algérie, j’ai été professeur de lettres successivement à Dunkerque, Saint-Etienne, Givors et Lyon. Tout en travaillant, j’ai passé les concours d’enseignement et continué des recherches littéraires. En effet, j’ai très vite constaté que dans les livres que je lisais, on ne parlait jamais de mon monde, celui de mes parents ouvriers. J’ai continué à chercher dans la littérature jusqu’à passer en 1998 une thèse de doctorat de lettres portant sur Claire Etcherelli qui, dans Elise ou la vraie vie, fut la première à parler de l’usine de l’intérieur.
Toujours hantée par cette absence de représentation des « gens de peu », j’ai également participé pendant de nombreuses années aux recherches d’un groupe d‘universitaires basé à Saint-Etienne. Ce groupe s’intéresse à toutes les formes de littératures populaires, depuis le roman feuilleton du XIX° jusqu’au roman policier ou noir et à la bande dessinée…Mon axe de recherche est plus précisément la représentation du travail, notamment ouvrier dans la littérature romanesque.
Enfin, j’appartiens à une famille originaire du val d’Aoste. Mon grand-père paternel est arrivé dans les années 30 dans le Jura avec sa famille et mon enfance a été bercée des récits de leur vie extrêmement dure, vie de paysans en Italie, puis dans le Haut Jura, vie d’ouvriers dans les usines de Saint-Claude. J’ai eu envie d’en savoir plus, de savoir exactement pourquoi ils avaient quitté leur montagne natale, comment se prend une décision si difficile, comment ils avaient réussi à s’intégrer dans la terre jurassienne puis dans la ville sanclaudienne, comment désormais ils voyaient leur parcours. J’ai interrogé les aînés de ma famille. De leurs récits croisés est né mon propre récit publié en 2002 chez L’Harmattan, Mémoires d’immigrés valdotains .
Ensuite, l’association Saute-Frontière située dans le Haut-Jura m’a proposé une résidence d’écriture en 2005. J’ai proposé de poursuivre mon travail sur les migrations et d’explorer par des entretiens, et par l’écriture ensuite, tous les chemins, toutes les voies de passage entre France, Suisse mais aussi d’autres pays, entre les grandes villes, Lyon et Genève et la montagne, chemins qui ont conduit les hommes et les femmes parfois de façon violente, douloureuse à quitter leur terre, leur pays pour aller travailler ailleurs, pour aller chercher « le pain » là où il est, pour faire souche, recréer de nouvelles racines ou parfois repartir.
Beaucoup de vagues d’immigrations sont venues peupler les petites villes ouvrières du Jura Saint-Claude, Bellegarde, Moirans, Morez.
Quand je suis partie travailler comme enseignante en Algérie en 79, en plein Sahara, j’ avais le grand désir du voyage, de l’ailleurs, rien ne m’aurait retenue. Je fais partie moi aussi de cette lignée de ceux qui sont partis un jour juste pour gagner leur vie.
Comme j’ai procédé pour le livre précédent, j’ai posé des questions, j’ai écouté, j’ai retenu ce qui m’émouvait, j’ai exploré ces aventures humaines souvent poignantes et courageuses, toujours anonymes et qui sont le tissu de l’Histoire, de la géographie humaine et de l’âme d’un lieu. Puis, je les ai transposés dans une écriture littéraire en tricotant des liens entre ceux qui partent et ceux qui reviennent, entre ceux qui sont venus et ceux qui sont restés.
Ces textes ont été publiés sous le titre Et toi, ton pays, il est où ? toujours chez L’Harmattan en 2006.
Et puis, j’ai participé à la belle aventure de la série Montagnes du Jura Des hommes et des paysages. j’ai écrit François, contrebandier publié en 2008 aux Editions Neotypo et Etienne colporteur en 2009. Travailler sur un projet où chacun , le graphiste, le photographe, le documentaliste, l’Historien apporte sa pierre est une belle aventure. Aujourd’hui, nous avons fini Anne, une vie dans la montagne, qui est sorti en mars 2011 et le dernier Agathe, enquête de paysage sorti en novembre 2012.
Par le hasard des gestations et des avancées chaotiques, j’ai publié chez L’Harmattan Retour vers les Hautes Combes , un roman sur le territoire du Haut-Jura et ses personnages forts et en fusion avec la nature et, la même année, en 2010 Naven, une autofiction où je reviens sur mes ancêtres, ces femmes venues d’Ardèche, du Jura, d’Italie pour servir comme bonnes à Lyon. Je viens de ces femmes, qu’est-ce qu’elles m’ont laissé en héritage? Je montre que ce qui pouvait être considéré comme un exil, une immigration de l’intérieur était aussi une libération. et j’ai constaté en écrivant que me plonger dans ma lignée m’a aidée à mieux voir mon avenir.
En 2010, j’ai fait la rencontre de George Besson, un autodidacte, passionné qui toute sa vie a vendu les pipes de la Coopérative ouvrière et a acheté des tableaux aux peintres les plus prestigieux de son époque Dufy, Renoir, Bonnard, Marquet…Comme il n’avait pas d’enfants, il a légué sa collection à la ville de Saint-Claude qui l’a refusée. J’ai raconté cette vie et Cabedita, un éditeur franco-suisse l’a publié en avril 2012 sous le titre George Besson, vendeur de pipes, ami des grands peintres.
Je continue à écrire et à chercher.
En fait, ce qui m’intéresse le plus, c’est l’écriture, l’artisanat, les projets qui s’enchaînent, qui aboutissent ou se noient, les doutes, l’intranquillité.
J’ai eu la joie de publier Pars! Travaille! aux éditions La rumeur libre le 15 septembre 2014
Puis Pendulaires frontaliers, les ouvriers du temps en 2016.
Je termine un roman Seulement des oiseaux sur un livre, une fiction noire pour laquelle j’aimerais trouver un éditeur plus tourné vers la fiction.
Maryse Vuillermet