Je tourne comme un oiseau sans cage

p>Je tourne comme un oiseau sans cage

Je crie comme une baleine ? bosses tourn?e d?sesp?r?ment vers la rive caillouteuse

Je demande ? l??criture plus qu?elle ne? peut donner

Je tra?ne dans le coin de? ma t?te l?improbable rencontre

J?attends sauvagement l?avenir

Je croise au large comme un squale, comme le K, je vire et tourne? mon ?il noir? toujours ouvert

Je ris ? la lune rousse dans un souffle de sirocco

Je tra?ne sur l??cran de Word des effluves de motstenir contre le vent et se tourner vers le large

Existence et aventure

retour vers les Hautes CombesExistence et aventure,
Un nouveau livre,
Retour vers les Hautes combes
La joie m?l?e ? la peur, toujours,
La fiert? au doute, encore,
Le l?cher prise ? l?advienne que pourra
Des lectures, des discussions,
Des compliments et des critiques peut-?tre
Pour moi, l?indispensable,
Juste faire exister et advenir,
Existence et aventure
Une nouvelle vie

Signature de mon dernier livre Etienne colporteur

p>Etienne, colporteurA la librairie Le grenier-fort ? Saint-Laurent en Grandvaux, ?le samedi 28 novembre de 15h ? 18H, je? serai heureuse de vous y rencontrer.

Le livre est illustr? par Demond Bovey et les photographies sont de G?rad Benoit-?-La-Guillaume. Thibaut Gladel a cherch? avec? ?nergie et? fougue la documention.

Etienne est proche de nous, il a v?cu dans la premi?re moiti? du si?cle. Il nous montre?une ?montagne? o? l’industrie est prosp?re, o? les vall?es? se peuplent, o? les hommes s’adaptent aux changements.

La veille, on aura commenc? le tome suivant. Quels sont les changements dans les paysages et la vie des hommes dans la deuxi?me moiti? du vingti?me si?cle? Nous retrouvons inscrite dans les paysages l’Histoire des hommes de notre territoire. Il suffit de regarder et d’interroger.

Territoire des Hautes-Combes, reconnaissance des lieux

Comme un parachute arrêté en pleine vitesse

 

Ce matin, dans le village, les rideaux se soulèvent quand elle va chercher sa voiture garée sur le petit parking près de la fontaine. On sait qui elle est. On se pose des questions, une vieille plus aventureuse que les autres va demander aux voisines quand elle ira chercher le pain à  la camionnette: Vous savez qui c’est cette dame qui est chez Betty? La connaissance est essentielle, même si le village-rue semble vide, les trottoirs déserts, si la moitié des maisons est fermée, l?information circule, ça vibre, ça bruisse. Le pays a l’air sauvage, vierge, une succession de combes, appelées les Hautes Combes du Jura, un haut pays de dunes, pas des dunes de sables non, des dunes de terre, de hautes dunes, des étendues vastes, aux formes rondes et douces, des anticlinaux rabotés par des millénaires, creusés par le temps et qui finissent par plier, s’arrondir et s’aplatir. En fait, le pays est vivant, il est aux aguets, il aime les histoires. Au fond des combes, des champs retournés et travaillés, et, au bord, sur les flancs encore doux, des pâturages pour les bêtes et, sur les crêtes, des forêts de feuillus. Les villages sont au milieu des combes,  découvert, placides, des villages-rues, des maisons trapues avec des granges pour du foin de six mois et, derrière les maisons, des potagers où ne poussent que les légumes de la soupe. Les vaches donnent du lait qu’on porte matin et soir, été comme hiver, en tracteur, en quatre-quatre ou en camionnette à la fruitière de Comté, et c’est là qu’on échange quelques nouvelles. Et puis, dans la combe, çà et là, surgissent des fermes plus isolées mais chaque maison est à portée de vue d’une autre, c’était comme ça avant, on construisait à  portée de vue et de voix, pour la sécurité, il fallait se voir et surveiller les incendies et l’hiver, ne pas être trop éloignés les uns des autres. Aujourd’hui, beaucoup de ces fermes sont fermées onze mois par an mais tout se sait. Il n’y a plus qu’une ferme qui produit du lait et qu’un voyage à la fruitière par jour, mais les rideaux se soulèvent pour voir passer les voitures, ils se soulèvent le long des routes des combes et au village, quand elle va chercher sa voiture et le pays va savoir.

 

Elle roule: la Combe à  la Chèvre, puis la combe du Manon, Bellecombe, et la combe d’Evuaz, la vallée de la Valserine. D’immenses tables de rochers gris presque blancs, des hêtres dénudés, la route qui se gondole comme un énorme boa parce qu’elle craque tous les hivers.

 

La veille, en arrivant, elle y est retournée. Elle est repassée sur la route en bas de la ferme de la Petite Molune. La ferme avait encore gonflé, s’était étalée, répandue, toute la crête de ce côté était envahie de hangars métalliques, des montagnes de ballots de foins recouvertes de leurs linceuls noirs plastifiés. Des vaches, partout, des centaines de vaches déjà dehors, malgré le froid,  elle sait que, comme d’habitude, ils doivent manquer de foin pour finir l’hiver. Avec la fin des quotas laitiers, la production est sans limites, les bâtiments anciens ont presque disparu, mangés, absorbés par cette gangrène de hangars toujours reconstruits plus haut, plus brillants, l’un d’eux est ouvert sur le ciel, arche vide, des poutrelles noires rayent le ciel gris.

Plus loin, sur la même crête, la Grande Molune, volets fermés, aveugle, morte. Elle a hésité. Elle a freiné sur la route mais n’a pas tourné dans le chemin à  peine visible,  dans l’herbe, qui monte en boucle jusque devant la maison. Elle ne peut pas y aller.

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Liste des neiges, à compléter à l’infini

Liste des neiges,

En son absence, pour la célébrer, parce qu’elle me manque.

Neige du chemin de l’école tassée, gelée, des traces jaunes lacèrent les bourrelets sur le côté.

Neige des combes, nos dunes d’hiver.

Neige mouillée des routes, grise, en paquets chancelants.

Neige tombée la nuit qu’on voit avant d’ouvrir les yeux.

Neige de la ville de Lyon, l’embouteillage annuel de début janvier,panique joyeuse, chaos calme.

Neige de printemps qui traîne sous les épicéas, qui s’accroche, lambeaux d’hiver.

Neige du bonhomme à la carotte insolente.

Neige du ski de fond, farts experts, le skieur tourne le dos pour cacher ses choix subtils de couleurs.

Neige sur la glace du lac et sur son eau noire.

Neige des vieux, petits pas, bottes en caoutchoucs ou après-ski en phoque  fermeture éclair, regards anxieux vers le bout de la rue qu’il faut atteindre sans tomber.

Neige collée au bonnet, givrée dans les cheveux, auréoles sauvages.

Neige restée dans les crampons qui devient eau sale sur le plancher derrière la porte.

Neige des toits et son souffle haletant quand elle glisse, son vacarme quand elle s’écrase au sol.

Neige du désert, longues files de camions arrêtés, feux allumés sous les réservoirs pour dégeler le gasoil.