Lectures au jardin

photos Jura et fete80ansD?d?juin 2011 138Un tout petit vent ce dimanche, des lecteurs et lectrices timides?: Est-ce que tu crois que je peux lire? Je lirai s’il y a de la place.

?Timides pour lire mais imp?rieux dans leurs convictions, amoureux fervents des textes, connaisseurs subtils, cr?ateurs d?j? avanc?s dans le chemin.

?Marie-Jeanne et ses po?mes de regard, Fran?oise et sa salle des profs, f?roce et dr?le, Marie-H?l?ne en dialogue avec sa maladie, Jean-Luc et ses mots pr?cis pour dire des villes?aux images puissantes, Alain et le cadeau de sa belle voix, Babette et le discours sur la mis?re, magistral, Claire et la pri?re de Giacommetti.

Tous en dialogue avce Daniel et sa harpe.

Et les listes de Claire, et les dessins de Thierry, les colliers de Marie-h?l?ne.

C’?tait un moment navajo, c’est-?-dire un moment suspendu, d’harmonie.

Ecrire avec Patrick Laupin

p>patrick LaupinAtelier avec Patrick Laupin

Une petite dizaine de passionn?s, Marie-Do, restauratrice ? La petite madeleine, Anne, institutrice, Jeanne, Claude, Monique et sa s?ur qui viennent en train, R?gis,? Jeanne?.

Nous sommes chez? un psychanalyste, il y a des livres d?analyse, des bouquets?

Et Patrick Laupin.

Pendant longtemps, ?il parle de sa voix d?or et nous on ?coute, on note, la consigne ?d??criture arrive, ??gliss?e au milieu de tous ses mots, de tous les livres dont il nous parle, des ?crits des enfants malades, des coll?giens, des? souvenirs? de sa m?re, ?de son enfance, de ses doutes. Il est le ?partageur inquiet, le donneur fi?vreux, ses livres, ?qu?il m?lange, sont enti?rement annot?s, soulign?s, il ?crit sur les pages de garde, les impaires, partout, son ?criture se r?pand, imp?rieuse et tout en lisant ?des passages de ses compagnons d??criture, Duras, Proust, Michelet, Leynaud, Platon, Bednarski, Grossman, Baudry, Morgi?ve, il nous livre ses secrets?:

?Je partage avec vous quelques-uns des mots retenus?:

??L??criture, c?est quelque chose qui bouge ? l?int?rieur du corps et qui emporte du pr?cieux. On perd rien ? penser que ?a vous a ?t? donn? par quelqu?un d?autre.

On a tous ?t? un enfant sans parole, infans, celui qui reste muet aupr?s des choses, l?aphasie originaire.

Des pages surgissent des biographies et nous ?clairent sur l?humain.

Rentrer dans le lieu o? on est cr?ateur, un lieu pr?cieux comme de l?or, on peut mourir si on l?oublie.

Il y a une ?criture dans l??criture, ?ce qui cherche ? parler.

Ramener quelque chose au jour, l?enfant mal accueilli est pr?t pour la dissolution et l??clatement

Il n?y a rien de pire que chercher ? bien ?crire, c?est dans les liens, les mots sont bifides, ?? double entr?e, il faut se laisser faire par eux..?

Chacun est digne d?une histoire

Ecrire le c?t? faible, quelque chose qui s?avance et se trouve presque d?pouill??? l? o? on est pataud, l? o? on boite.

Trouver son identit? d??criture

Ecrire sur les cachettes du temps, les plis du tissu, o? il n?a pas boug?, ?o? il est blotti, intact

On a beaucoup d?inqui?tude, on ne devrait pas. C?est toujours quelque chose? du c?t? de la vie, ne ?pas se moquer de l?informe, de l?immobile?

O? ?a peut na?tre?? L?acte courageux d?accepter de se tromper.

La voix devient m?morielle du d?but ? la fin.??

Anne, une vie pour la montagne, le tome 4 de Hommes et paysages du Jura est sorti

Tome 4 de la s?rie Hommes et paysages du Jura, le parcours d’une Jurassienne qui a pratiqu? tous les m?tiers de la montagneBAT-COUVERTURE-HMJ444?et qui s’interroge sur les changements et les mutations du paysage li?s aux activit?s des hommes, tourisme d’hiver et d’?t?, agriculture, sylviculture, exode rural…

Le livre est con?u et coordonn? par Thibault Gladel, illustr? par Desmond Bovey et les photographies sont de G?rard Beno?t-?-la-Guillaume.

lire ensemble

Rencontres d??criture

Lectures partag?es des textes ?crits

Dans l?ann?e avec Patrick Laupin

Accompagn?s ? l?accord?on par Albert Tovi

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Le samedi 21 Mai ? 18h00

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La Petite Madeleine

28, quai Arloing

69009 Lyon

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Places limit?es ? 40 personnes merci de r?server au 04 78 83 71 28

Retour en Algérie, des cailloux sur le coeur

Le désespoir a tué l’P1030717exotisme, le choc est terrible. Les armes en Kabylie, les soldats, les auto-mitrailleuses et puis les centaines, les milliers d’immeubles neufs, à peine finis, encore inhabités, et puis les Universités toutes brillantes de vitres, et puis les mots « Bienvenue chez nous! Vous êtes ici chez vous! » Cette ouverture gentille qui passe par dessus les miradors et les guérites tout le long de la route vers Biskra. Et puis, le désespoir des jeunes étudiantes d’Alger:  » On n’a pas d’endroit où aller, on ne peut pas sortir! » Et puis Gardhïa si immuable qu’elle s’est reproduite, elle s’est clonée, on a construit Gardhaia deux, Benizghen deux, on a reproduit à l’identique l’architecture, même ville, mêmes habitants, il faut être mozabite pour habiter là, mêmes lois coutumières exercées par l’assemblée de quartier. Et puis les voix, les accents: « Tu ne nous a pas oubliés?, tu te souviens de nous! » J’ai revu mon ancien lycée vide à l’heure de midi et le proviseur adjoint qui nous dit que les garçons ne travaillent pas parce qu’ils seront de toute façon au chômage! Que ce grouvernement disparaisse vite, il ne fait rien, il est KO, ni repeindre les immeubles, ni mettre les plaques avec le nom des rues, ni ramasser les poubelles, il augmente les salaires quand les professeurs menacent de faire grève, il ne connait que l’argent parce que lui-même ne fait que voler, que remplir ses comptes en banque. Qu’il parte et que des jeunes du monde entier reviennent.

Bien-sûr, il y a le désert, les chameaux, mais il n’y a plus de nomades, il y a El Oued? et les ponts de Constantine, mais le désespoir a tout recouvert de sa poussi?re!

Journal d’?t? et d’automne 2010

Journal d??t? et d?automne 2010

19/10 Partag?e entre l?envie de manifester, un gros rhume et le souci de mon atelier d??criture qui tombe toujours sur les jours de gr?ve, j?ai choisi l?atelier et je n?avais qu?un participant. je lui ai propos? ? partir du po?me d?Apollinaire Zone? et ? partir d?une id?e de Fran?ois Bon dans Tous? les tous les mots sont adultesmots sont adultes ??Te voici ? Coblence, Maintenant tu es au bord de la M?diterran?e? Tu es ? Paris chez le juge d?instruction..?? Ce n??tait pas mon jour, il n?a pas r?ussi ? en tirer quelque chose? mais il m?a parl? de sa pratique d??criture. Les textes qu?il pr?f?re sont ceux o? il arrive ? cacher quelque chose, il a prononc? plusieurs fois ces mots, cacher quelque chose dans le texte

15/10. Je suis all?e ? la conf?rence de Didier Eribon tr?s int?ressante. Il a expliqu? que l?auteur qui parle de son pass? voit l?enfant qu?il ?tait selon des cat?gories socio-politiques, par exemple enfant d?ouvrier ou enfant d?immigr? ou adolescent gay. C??tait ?clairant. Il nous a donn? aussi envie de lire Assia Djebar, son autobiographie qu?elle fait commencer en 1831 ? la prise d?Alger? car elle se d?finit comme une domin?e qui parle la langue de l?adversaire. Elle dit qu?elle entend les voix des supplici?s de son peuple comme moi, j?entends les voix de mes anc?tres. Elle a expliqu? aussi combien le Retour (? sa classe sociale,? ? son milieu) ?tait difficile et interminable, c??tait beau quand il a dit quand on revient,? on retrouve exactement ce pour quoi on avait fui. Et? du devoir de se tenir entre la volont? de r?habilitation dans le tableau et la volont? de ne pas mentir, de ne pas embellir ces classes populaires. Je n?ai pas trouv? de r?ponse ? ma question. Quand il dit que la violence sociale l?a ?loign? de son p?re, qu?il en est la victime et qu?il regrette, il ne dit pas? ce qu?il en est pour ses fr?res.? Mais c??tait une question trop personnelle ? poser dans une conf?rence. Sur le plan litt?raire par contre son texte ne propose pas de r?conciliation, c?est juste un mea culpa. Parler d?eux ce n?est pas se r?concilier avec eux, avec soi. ?Je sens que je vais ? nouveau lire Annie 2253153400Ernaux et Assia Djebar. Didier Eribon a parl? de son prochain livre Lettre ? Annie Ernaux, moi, j?ai envie d??crire Lettre ? Annie Ernaux et Didier Eribon, ce sera mon projet avec le roman policier sur le Jura.

13/10 Travail toute la journ?e sur Daeninckx, ses romans historiques pour la jeunesse aux Editions rue du monde. C?est int?ressant mais je n?arrive pas ? d?crypter les illustrations, il me manque des outils.

Relu la phase d?Annie Ernaux lue dans Se perdre cit?e par Didier Eribon?: ??Oui, j?ai bien veng? quelque chose, veng? ma race.?? C?est puissant? et? si juste.

12/10 Encore une journ?e de gr?ve, c?est facile pour moi, je n?ai pas cours, je ne perds pas une journ?e de salaire, je vais aller manifester. Je suis curieuse de savoir si ce sera un baroud d(honneur ou le d?but de quelque chose comme en 95. en tout cas le r?gne de Sarkozi s?ach?ve dans la d?bandade, Hortefeux tire sur Rachida Dati, je suis bien contente qu?ils montrent leurs dents qu?ils avaient longtemps lim?es et? cach?es. mais c?est la fin, le cr?puscule, vivement qu?on oublie?! J?ai commenc? un atelier d??criture ? l?IUT, j?en suis ravie, j?ai plusieurs ?crivants qui ont l?air entra?n?s. Quel plaisir?!

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8/10 Hier soir, j?ai ?cout? Raymond Depardon dans l??mission La grande Librairie. Depardon a dit que ce qui l?int?ressait c??tait la gravit?. Je me suis 51eT3zyU-EL__SL500_AA300_reconnue. J?ai dans les mains son petit livre Paysans. Les portraits sont pleins de respect et de gravit?, pas du tout mis?rabilistes ou voyeurs, Ils sont graves parce qu?ils savent que l?heure est grave, que c?est l?heure de leur mort, ils le constatent partout autour d?eux, ils ne peuvent rien faire, juste, ils le savent et ?a se voit dans leurs yeux

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6/10 Viens de finir le livre de Didier Eribon, Retour ? Reims. Je? suis encore suffoqu?e et r?volt?e par ses explications de mauvaise foi. Il a ha? son p?re, ne s?est jamais occup? de ses fr?res, a d?laiss? sa m?re parce qu?ils n?acceptaient pas son homosexualit?. Mais, gr?ce ? ses ?tudes, ? il a eu en main tous les outils psychologiques, psychanalytiques pour comprendre, comment il a pu toute sa vie ?tre aussi aveugl?, cruel et born? que son p?re. Je suis s?re que s?il avait eu la volont?, la curiosit? d?aller une fois voir son p?re ? l?usine comme je l?ai fait, il n?aurait plus eu honte de son p?re mais de lui-m?me. S?il ?tait all? une fois voir son p?re ou sa m?re ? l?usine, il aurait eu tout simplement piti? de lui, piti? et honte de le laisser l?, de ne rien faire. Quand je pense qu?il a ?t? militant trotskiste toute sa jeunesse et qu?il n?a pas ?t? capable d?aider son p?re par une parole, je suis r?volt?e et je comprends pourquoi je n?ai jamais support? ces intellectuels de gauche qui m?prisaient ceux-l? m?me au nom de qui ils ?taient cens?s parler. Ce livre n?est pas un Retour c?est encore un aller simple vers son ?go?sme brillant, puisque son auteur aujourd?hui reconnaissant sa culpabilit? continue, ne change rien ? rien, n?essaye pas de se rapprocher d?eux?; ce livre est encore un ?talage d?explications de justifications vaines puisqu?elles ne permettent pas d?agir, elles ne permettent ?, personne de vivre mieux, d??tre moins malheureux.

En fait, je lui ai envoy? ce texte, je suis curieuse de voir ou d?entendre sa r?action. J??tais tellement ?nerv?e ce matin que? je ne pouvais plus travailler. ?a m?a d?foul?e de le faire.

Avec Alain, on a fini de construire et d?am?nager la fontaine, c?est agr?able d?entendre depuis la terrasse ou la cuisine le froufrou de l?eau.

4/10. Ai fini Retour aux mots sauvages de Thierry Beinstingel. Beinstingel a trouv? les mots pour dire l?angoisse du travail qui vide le corps et la vie Retour aux mots sauvagesde son sens, qui n?est pas choisi, qui fait honte, qui fait horreur, qui fait mal au dos, ? la famille, mais auquel on finit par s?habituer, s?attacher, s?accrocher.

Il a trouv? les mots pour parler de ceux qui tiennent gr?ce aux autres, de? ceux qui l?chent, se jettent par la fen?tre ou dans la maladie, le repos.

?a cogne fort, sauvage mais c?est ?a la r?alit? du ??progr?s?? de ??la modernit???, de ??la mondialisation??, tous ces mots des autres, des dynamiques, des performants qui nous jettent les uns contre les autres comme des sauvages.

La course ? pied comme m?taphore de la lutte, de la t?nacit?, de la volont?. Courir pour oublier, pour fatiguer la t?te, pour voir ailleurs, plus loin.

2/10. Soleil sur la manif contre la nouvelle loi sur les retraites. Connivence avec ma fille et ma soeur. Et soudain, ma fille raconte qu?un de ses SDF ?tait tr?s amoch? et? content parce qu?il avait gagn? 300 euros. En fait,? des jeunes de V?nissieux l?avaient pay? pour se battre, ce qu?on appelle des combats de clochards. 300 euros? pour se faire massacrer.

1?/10 concert ? la MJC de Jack Bonn du vrai blues.? La voix rocailleuse, les commentaires pleins de rires et de gouailles, une super soir?e. A c?t? de moi, Thib et son ami Lucien, qui entrent dans l?univers de la musique, ils reconnaissent la marque de la guitare, ils comprennent que les Stones? ont? repris? des vieux blues, toute une connaissance, des allers et retours, on est dedans.

29/9 Le yoga et toutes ses images?: posture du guerrier, un guerrier fier, le regard sur l?horizon, je suis sur la montagne,? dans l?Himalaya, je bande mes muscles, je n?ai pas peur, j?attends l?ennemi. Posture du cocher, il attend le client, il se repose, se d?tend, je suis dans les rues surpeupl?es de Bombay, la sueur coule dans mon dos. ?Posture de la tortue, elle se prot?ge, rentre en elle-m?me, ma carapace est solide, je suis au bord d?un bassin ? Bali.? Posture du guetteur, en haut de la muraille de Xian, soldat de l?arm?e de terre cuite, un parmi? des milliers.? Posture du chien, je? fais le gros dos dans un bidonville de Kuala Lumpur. ?Du lotus, du h?ron, de la chaise, de la ceinture? ?Ces mots ?gr?nent dans le silence, une musique qui me transporte dans un Orient de r?ve.

Les histoires dr?les de Jeanne, institutrice ? Vaux-en-Velin, banlieue de Lyon, aucun de ses petits ne parle Fran?ais?: objectif p?dagogique de l?ann?e, parler fran?ais.

Travail ? l?article, j?arrive ? d?monter pour l?universit? les m?canismes du succ?s du roman de Carr?re, m?canismes d?j? utilis?s par Dumas, Sue?mais lui, l?a-t-il fait aussi sciemment??

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D'autres vies que la mienne28/9 En relisant D?autres vies que la mienne d?Emmanuel Carr?re, toujours la m?me incroyable et insondable tristesse, et le m?me plaisir m?l?s. C?est ?a que j?essaye de d?crire, ce m?canisme. On s?angoisse avant, dans l?action, son s?oublie.

27/9 Vient de d?cider d??crire l?article sur Emmanuel Carr?re et la consolation, juste pour le mot consolation?! Commence ? comprendre ce qui est beau dans le livre de Fusaro, c?est rock and roll, il cr?e un univers, son univers avec son dandysme, ses valeurs surtout musicales et avec ses r?p?titions, ses noms italiens?!

26/9 Regard? avec trois petits gar?ons ??Les Dieux sont tomb?s sur la t?te??, leurs rires perlaient, ?clataient? ? tour de r?le et me ber?aient comme une source.

24/9 En route vers Besan?on, le Revermont fume et brille dans son lever? de rideau. Besan?on? et l?h?pital Saint-Jacques o? mon p?re alutt? contre sa m?lancolie, o? j?ai ?tudi? ? la facult?? de lettres, au Bar de l?Universit?, rue M?gevand, rue Battant, tortur?e et libre pourtant.

Besan?on qui m?accueille gentiment aux Mots Doubs. Rencontre avec Patricia Gavoile et Christelle Ravey, elles ont toutes les deux arr?t? d?enseigner pour ?crire. Patricia dit?: ??A un moment donn?,? tu ne peux plus faire autrement.?? J?entends.

Retrouvailles avec Roger Faindt.

Je n?aime pas vraiment les Salons, les signatures, l?institution et ses prix mais je crois qu?on ne peut pas faire autrement. Les hordes d?enfants qui? nous demandaient des autographes comme ? des chanteuses de la star?ac m??nervaient et apr?s j?ai vu Charles Aznavour courir dans les all?es pour aller signer sa biographie, il a d?j? la gloire, qu?est-ce qu?il veut en plus en ?crivant, et moi, qu?est-ce que je veux??

22/9 Mon petit gar?on qui devient un jeune homme en? face de moi au restaurant. Ses histoires de coll?ge et de foot, doucement. L?autre gar?on que je loge, un grand gar?on de vingt ans qui dit toujours ??ma maman?? et qui a parfois des angoisses et des certitudes de vieillard mais qui apprend tr?s vite.

19/9? Le matin, en emmenant Alain au train, j?ai vu sous les arches de la voie ferr?e, une famille de rom qui s??veillait. Le p?re donnait ? manger ? ses enfants ? partir d?une boite de conserve. L?un des plus petits? s?est ?cart? du tas, il allait tomber sur la route,? il l?a rattrap? par le dos, comme une m?re chatte.? Honte sur nous?!

Plus tard, vendanges de notre vigne associative, magnifique tableau? impressionniste, une longue table napp?e de blanc dress?e sous les cerisiers.

Et plus tard encore la douce pr?sence de fille, de ma s?ur, le doux babil de notre langue commune, la facilit? de se comprendre par tous les pores.

18/9 Milli?me promenade aux cascades du Flumen avec ma s?ur qui aime autant que moi la r?miniscence. Puis discussion avec des ados ? qui j?essaye de faire conna?tre Agota Kristof, Begaudeau, j?essaye de leur faire aimer la lecture. Retour par les Hautes Combes, combe de L?zat, le Pr?-Fiet, Les Moussi?res, L?Embossieux,? La Pesse, D?sertin, le parcours mythique.

9782296082502j17/9 Lecture de Naven et Retour vers les hautes combes ? Saint-Claude, la juste bonne salle, des amoureux de la lecture, d?autres de ma position ??politique??, de mon engagement dans la ville, ceux de ma famille qui viennent parce que je suis leur s?ur ou fille ou cousine, ceux qui sont venus pour Daniel, qui se rappelait sa voix ou ses chansons.9782296113732j

Et ensuite, les chansons ouvri?res ? la Maison du peuple?; je suis bien? dans cet endroit charg?, mais je me demande pourquoi tant de nostalgie.

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15/9 Le groupe de recherche sur la litt?rature jeunesse, des passionn?s, des experts. Moi, je suis perdue, novice mais j?aime leur ?nergie. Hier soir, mon gar?on ?tait redevenu petit, des larmes au bord des yeux. Il a suffi que je m?assois ? c?t?? de lui, que je l?aide ? pr?parer son classeur pour qu?il retrouve son optimisme et qu?il se mette ? chanter en anglais au piano.

14/9 Hier soir, la conf?rence sur les hommes et les activit?s dans le Haut-Jura ? travers les ?crivains s?est bien pass?e. Belle rencontre avec Marie-H?l?ne Astor, la libraire du Grenier-fort. Nous? avons le m?me Jura.

Au retour sur la route, nouvelle incroyable?: Cuba abandonne le communisme, 500?000 fonctionnaires licenci?s, Castro dit que le communisme, ?a ne marche pas. C?est la fin de ma jeunesse. Mon amie Claude ? 17 ans? avait vid? son carnet de caisse d??pargne pour aller l?-bas.

13/9 Reprise du yoga. ?Posture de la tortue, elle est capable de se centrer sur elle-m?me, elle va loin, lentement mais s?rement? sans se laisser d?tourner par des d?tours intempestifs.? ?A imiter.

Voyage vers Saint-Laurent-en-Grandvaux. Remont?e de la Bienne. Je suis dans le d?cor de mon futur roman. Rencontre avec Fran?oise Desbiez. Ai envi? son bureau tourn? vers les arbres et les cr?tes du Jura, sa maison ancienne, sa vie enti?re consacr?e aux livres. Quatre livres sortis cette ann?e?!

Philippe Forest? invoque sa dualit?.?Il invoque volontiers, mi-figue mi-raisin, sa naissance sous le signe des g?meaux, ? avec pour patron Mercure, le dieu volant aux sandales ail?es, celui des voleurs et des voyageurs, le messager passant les fronti?res entre les hommes et conduisant les mourants jusqu’au lieu de leur dernier s?jour ?. Mais la maturit? semble lui conseiller l’unit?. ? La fronti?re entre mes romans et mes essais est de plus en plus mince. ?? Moi aussi, je cherche avidement l?unit? de ma vie, entre Lyon et Jura, recherche enseignement et ?criture, nomadisme? exub?rant et? s?dentarit? laborieuse.

12/9. Il faisait si beau ce dimanche que je ne tenais pas en place, je voulais marcher dans la montagne. J?en aurais pleur?. J?ai ?t? entendue, tr?s belle randonn?e au col des Brosses au dessus du village d?Yzeron. M?res et ?pilobes, chevaux, ?nes et vaches. Bonnes vibrations dans le groupe.

Avec le film Des dieux et des hommes vu la veille,? seule, au Com?dia, comme j?aime aller au cin?ma, c??tait un tr?s beau week-end.

11/9? Invit?e au salon Les Mots Doubs et ? celui des ?diteurs de Salins les bains. Je me sens pousser des ailettes d??crivain.? Ai lu? le premier roman la cote 400d?une biblioth?caire de Lyon, Sophie Divry, La cote 400. Caustique, dr?le,? vertigineux quand elle recense les failles de la classification Dewey, les milliers de livres de sa biblioth?que, la solitude aussi de son m?tier. Ai lu aussi apr?s l?avoir ?cout? en parler ? la librairie Les passages Le roman de Philippe Fusaro, L?Italie, si j?y suis. Encore cette fois, malgr? l?amiti? que je porte ? l?homme,? je n?arrive pas ? aimer vraiment. Je crois que c?est trop l?ger pour moi, m?me si dans ce roman, le narrateur est plus impliqu?, plus dans le doute et le chagrin que dans les deux premiers. En fait mon style d??criture est le lyrisme de la douleur ou l??pique du roman familial ou l??motion du roman social.

10/9 Achev? la conf?rence. Bon moment avec Alain. Entente.

Cette nuit, j?ai lu Remuzor de Gis?le Bienne. Bien aim? le d?cor du village alpin, je retrouvais le village d mon grand-p?re valdotain. Emouvant personnage du p?re ?crivain traducteur qui semble rat? et ?puis? et qui finalement laisse ? son fils le gout et la confiance de peindre ? travers sa collection d?agates. Dans HMJ 3, on avait choisi comme objet embl?matique une agate. J?ai vu que Gis?le Bienne ?tait l?auteur de Marie Salope, paru aux Editions des femmes en 74, un roman que j?avais aim? dans ces ann?es-l?.

?9782742702466

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Coup de fil de Fran?oise Monneret qui va publier chez Cabedita, la correspondance de son p?re d?port? et de sa m?re rest?e seule au village de Cinqu?tral pour s?occuper des enfants. Suis tr?s contente pour elle, c?est un beau texte.?

9/9 Apprends ce matin que mon ordinateur sera r?par? aujourd?hui. L?outil devenu vital, lien de sang? avec l??criture.? J?apprends aussi? que la loi sur les retraites qui me concerne est repouss?e de 5 ans. Mais, j?ai d?cid?, je ne reviens pas en arri?re. Organise dans ma t?te mon bureau d??criture, bureau des hauteurs dans la chambre rose.

Je me nourris du blog de Beistingel Feuilles de route, www.feuillesderoute.net. Suis admirative de tout ce qu?il fait, ?criture, notes de lecture sur mon domaine de recherche, jusqu?? sa th?se qui aurait pu ?tre la mienne.

8/9 Boucher les trous du gazon, sarcler, rouler, semer, sarcler, rouler.

Le soir, mon amie Marine? me raconte l?histoire de sa m?re Chantal, peintre, sculpteur, dont le talent a ?t? enfoui sous cinq enfants tr?s rapproch?s. Apr?s, elle a ?t? d?pressive toute sa vie, comme je la comprends! Plus tard, dans la nuit, j?ai lu L?usure des jours de Lorette Noblecourt, ?chez Grasset 2009hypnotis?e par cette ?criture des profondeurs et des magies.

7/ Rajout du 9/ j?ai commenc? ?? penser ? un roman policier qui se passe dans le Haut-Jura que j?intitule La libraire ambulante

6/9 Tr?s mauvaise nuit. Cherche d?sesp?r?ment rythme de travail, (biologique, vital et familial) et sujet de roman. Ai fini Papier machine de Corinne arton18326-aa0b2Roche. Joli roman touchant. Mais je me m?fie, moi, d?s qu?un ?crivain parle de son travail dans un roman, ?a me pla?t.

Ce qui est encore mieux, c’est que c’est ma m?re qui l’a achet? et choisi pour moi avec l’aide de la libraire de Saint-Claude et ? ma grande surprise, elles me connaissent bien toutes les deux.

Ai travaill? toute la journ?e ? mon bureau.? La? conf?rence Les activit?s et les hommes dans les montagnes du Jura se rapproche? ? grands pas, c?est le 13 septembre. Les commentaires ? compl?ter dans Hommes et montagnes du Jura tome 4.? En fait, je cherche ? voir ce que ?a donne une vie consacr?e ? l??criture, car c?est ce que j?ai d?cid? avec l?aide d?Alain.

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5/9 La ligne bleue des monts du Lyonnais devant ma bicyclette bleue.

4/9 Foire aux livres rue Merci?re ? Saint-claude. Maud, librairiechezjeanne, libraire ambulante ach?te,? ? ses coll?gues, ?plus qu?elle ne vend elle-m?me. Son sourire, sa passion me touchent infiniment. Dans le ciel, les deltaplanes tournent paisiblement. La lumi?re de fin d??t? est coupante et fine. Le soir revenue ? Lyon, ? l?anniversaire de Fabienne Swiatly, j?ai rencontr? deux ?crivains Thierry Renard et Patrick Dubost. Ouah?! En ouvrant ses cadeaux, elle disait toujours, je ne sais pas quoi dire, je ne sais pas faire.

3/9Hier, j?ai accueilli par un jeu de communication les 120 ?tudiants de la promotion. Je m?amusais, me sentais p?tiller.

2/9 Mon bureau d?o? j?aper?ois les t?tes anxieuses de tous les nouveaux ?tudiants de cette ann?e.

1/9 On n?a pas mang? dehors le soir. On est all?s voir le film Tourn?e. Le visage hallucin? de Mathieu Amalric et la calme beaut? des stripteaseuses? am?ricaines en contre-point ? toutes ses angoisses.

31/8Petit vent de Nord. Le voisin coupe sa haie parce que l??cole reprend et qu?il ne veut pas que les mamans aient ? descendre du trottoir?! Lecture CV rOmande CV roman de Beinsteingel. Foudroy?e par l?intelligence et la profondeur de ce texte?!

30/8 L?ami nous annonce avec un sourire gourmand le prix exorbitant de chacun de ses meubles de la nouvelle maison. Mais,? dans nos verres, son Condrieu est dor? et? gras, effluves de violettes et de p?che.

29/8 Dimanche ensoleill?. Retenir le mois d?ao?t qui me file entre les doigts, sable. Non, le mois d?ao?t n?est pas fini. Mais demain, ? 7h, je serai devant mon bureau. Demain, ce sera encore le 30 ao?t.

28/8 Flora imagine qu?on pourrait occuper les vieux de la maison de retraite au d?sherbage des rues. On d?lire sur une chaise roulante faucheuse.

27/8 Travers?e de la France Ouest/Est. Non, le mois d?ao?t n?est pas fini.

26/8 Dernier jour au bord de l?oc?an. Ambiance fin de partie. Rangements dans la maison et dans mon blog. Envie de r?organiser les rubriques comme de changer les meubles de place quand on rentre d?un long voyage et qu?on porte un ?il neuf sur son univers. Envie d?ouvrir de nouveaux chantiers d??criture?; Un journal et les tr?sors des ouvriers?; Demander ? chaque ouvrier qui part ? la retraite quel est le tr?sor de sa vie?;

25 /8, Montalivet,? Soupe d??t?

L?odeur chaude des pins comme une bouff?e de grange remplie.

J?avale des romans policiers comme une soupe d??t?, Hercule Poirot quitte la sc?ne, Les chambres des morts de Franck Thillier qui avait re?u le prix des lecteurs aux Quais du polar. Je retrouve Dunkerque mais bien plus noire que dans mon souvenir o? c??tait gris et cotonneux et triste. Moi qui n?ai connu que la grande digue de Malo-Les-Bains de jour, avec deux petits filles en landau, poussette, ou ? la main, que je tirais l? le long des villas rococo et de la mer ardoise par tous les temps pour oublier que je venais d??pouser leur p?re grand neurasth?nique et qu?il faudrait que je quitte avant qu?elles soient grandes.

le voleur de tempsLe voleur de temps de Tony Hillerman, le policier des Navajos. J?ai envie d?en ?crire un sur le Jura des Hautes-Combes et sa biographie, je retiens son optimisme et sa bont? tr?s am?ricaine et ?a me d??oit et qu?il joue au poker chaque semaine. Du coup, j?ai appris ? jouer au poker et ?a m?amuse.

La fiancée des oiseaux

9782070132218La fiancée des oiseaux, Gallimard, 2011

René Frégni

J’ ai acheté aux Quais du Polar à  Lyon le dernier texte de René Frégni parce que j’aime l’écrivain et l’homme. Deux fois, par le plus grand des hasards que je lui parle, une fois à Salon de Provence et cette fois, à Lyon. Et je suis encore cette fois touchée par son humanité et sa simplicité,et nous parlons d’écritures. Il me dit à peu près ceci: J’ai trouvé ma voix, la plus juste pour moi. Giono a dit que Shakespeare est le plus grand écrivain provençal, quand un écrivain parle de l’homme, il parle de tous.

La fiancée des oiseaux raconte un an de vie d’un écrivain qui n’en fréquente pas. Sa fille est partie, il s’occupe de Lili, un vieillard retombé en enfance, il aime la fille de Lili, institutrice  de maternelle, il travaille dans les champs, se promène, aide un ancien détenu  à écrire, se promène, regarde ses jeunes voisins vivre, va boire un café, lit beaucoup, se promène, va très  rarement voir un ami peintre.

Il n’ y a rien que la couleur des collines, des ciels, des vignes, la récolte des olives, et la tristesse d’avoir laissé partir sa fille. Et pourtant, ces fragments nous donnent furieusement envie de lire, de marcher dans les collines, de nous occuper des vieux, de regarder le soir tomber, de ne plus avoir peur de nos insomnies ni des départs de nos enfants. Ce texte nous réconcilie avec nos angoisses, nos solitudes, nous donne envie d’aimer mieux.

Il dit simplement et c’est déchirant:

On vit dix-huit ans avec son enfant, sa fille, un beau jour, elle s’en va. Pendant dix-huit ans, on partage tout, on se baigne dans des criques, dans des lacs, on pèche, on se cache dans les arbres, on se déguise, on va au cinéma, on invente des histoires de sorcières, de princesses, de loups et brusquement, c’est fini. Cette vie s’arrête et votre enfant, cette jeune fille part vivre une autre vie, sa vie, qui n’aura rien à voir avec tout ce que vous avez vécu et partagé chaque jour jusque là. L’appartement n’a pas changé autour de vous, sa chambre d’enfant, Juliette son ours, les vêtements qu’elle a laissés dans les tiroirs de sa commode. Pour elle une autre vie commence, et on se dit que c’est normal, c?’st ainsi depuis la nuit des temps, et rien ne vous paraît plus anormal, plus absurde, plus brutal.  p 160, 161.

Et on pense qu’on aurait dû dire aussi en écriture combien c’est cruel et déchirant de laisser partir, mieux, d’encourager à partir, avec le sourire, ses deux filles la même année. Et on se dit qu’il n’y a que l’écriture pour accueillir nos plus grands cris muets.

Traverser la nuit

p>Je connais un jeune homme de vingt-cinq ans, il ?crit des po?mes tout le temps. Il a aim? ma fille Sarah et apr?s, ils se sont s?par?s. Il lui a ?crit un po?me qui s?intitule Sarah.

Dans les rues de nuit, vides et douloureuses? Tu d?poses un bout de ton c?ur? A ceux qui n?ont plus grand-chose

Il ?crit sur les villes, les voyages, les r?ves, il ?crit sur des petits bouts de rues et de grandes avenues,? sur les nuits d?ivresse et les bars de Lyon ou de Londres, ?sur les matins avant le march? de la Croix Rousse. Il s?appelle Arno Couturier et son? recueil couverture-traverserlanuit-arno-couturierTraverser la nuit

Et tant qu?il y aura de tr?s jeunes hommes qui ?crivent et publient des po?mes, qui photographient des bouts de nuit et des visages, tant qu?ils r?vent de voyages et de monde ? parcourir, moi, je suis tranquille.

J?ai encore en travers de la gorge,
Ce po?me perdu,
Sur un bout de papier amer,
Je ne m?en souviens plus
Et cela m?angoisse d?oublier les mots
Dans les r?ves br?l?s
Je suis encore sur le pont
En ?quilibre, ? travers le vide
Je suis sur la route de Brooklyn
L?alcool me tourne la t?te
Manhattan use mon c?ur
Je n?ai plus peur de rien
Je file comme un gosse
Dans la foule des m?tros
Plonge dans les entrailles
Dans le vide, j?ai ma place

Extrait du po?me ? Le grand vide

Ecrire, c’est vivre

photos hiver, la rivi?re Drugeon, ?tudiants, Bellecombe 177photos hiver, la rivi?re Drugeon, ?tudiants, Bellecombe 176Atelier d??criture

Jeudi 24/2

Tr?s dur ce matin ? 8h ? l?Iut, ?perdu au bout du campus de la Doua entre cimeti?re de soldats, p?riph?rique et travaux de parking. Ils arrivent mes gicks, les yeux bouffis de sommeil, baillant et s?excusant pour les retards du tram. La premi?re consigne les laisse froids et ils se plaignent entre les lignes, ?alors je lance mon lamento. Je leur dis?: ??On vous dit toujours, ?ne vous plaignez pas, arr?terez de vous plaindre,? moi, ?je vous dis, ?plaignez-vous, ?lamentez-vous,? ?crivez un lamento, qui commence par, ?c?est horrible, c?est atroce, je n?en peux plus..??

Et ?a donne?:

Lamento

?

Je suis le plus malheureux, c?est horrible, c?est insupportable, je n?ai pas Internet, c?est atroce?! Le free wifi fait mon infortune, je me sens faible. Oh mon Dieu, comme tu es cruel, me laisser agonisant comme cela pendant un mois, d?p?rissant, priv? de mon d?bit, me faire plonger dans une telle d?ch?ance.

Je n?ai plus go?t ? la vie, plus foi en l?amour. Je suis las, d?sormais condamn? ? souffrir le martyr.

Pleurez pour moi. Merci.

Thibaut Theuveron

?Pour la troisi?me consigne, je leur ai demand? de sortir ce qu?ils avaient dans leur poche, j?ai choisi parmi tous leurs tr?sors ?tal?s sur la table?:

– un paquet de filtres

– un ?tui de t?l?phone

– un post-it

– une pi?ce de cinq francs

Et j?ai donn? la consigne?: ??Ecrivez un texte qui r?pond ? la question Qui a tu? monsieur ou madame X, ?vous choisirez votre victimes,? y compris dans vos professeurs, et int?grerez ? votre r?cit ces cinq objets. ?? Je sais ? l?avance qui ils vont choisir comme victime, c?est toujours le m?me enseignant qu?ils d?testent. Cette consigne les r?veille enfin?! Tous ?crivent, plus de soupir ni de b?illement?! Ils l?vent la t?te regardent ? nouveau les objets comme si l?inspiration? venait de l?, ils me regardent sans me voir, ? travers moi, perdus lointains.

Qui a tu? le professeur X ?

Il ?tait l?, allong? par terre, un cours d?informatique dans la main. Comme dans une s?rie t?l?vis?e, la police ?tait l?. Le lieu ?tait tr?s bien prot?g?, gr?ce ? de terrifiantes bandes jaunes. La cafeteria paraissait beaucoup moins joyeuse maintenant qu’elle ?tait emplie de tous ces policiers. Ils ?taient vraiment beaucoup, ils ?taient trop d’ailleurs, pour faire quelque chose d?efficace. L’un d’entre eux partit se servir un caf?. Quand il introduisit sa pi?ce de 5 francs, la machine vibra puis sortit un gobelet et commen?a ? laisser le caf? s’?couler.

Un second policier s’?carta du cadavre, il sortit de la cafeteria. Il sortit son paquet de filtre, une feuille, un peu de tabac puis roula sa cigarette et commen?a ? la fumer. ??On est 50 pour un seul type, se dit-il, ils ne remarqueront pas mon absence??. Il sortit un post-it de sa poche, tira son t?l?phone de son ?tui et composa le num?ro inscrit sur le post-it. C’?tait le num?ro d’une prostitu?e. Elle refusa de travailler en pleine apr?s-midi et ils commenc?rent donc ? discuter. Ils en ?taient venus ? parler de son affaire polici?re quand elle lui dit que c’?tait l’un de ses professeurs, 4 ans auparavant. Elle lui dit aussi que ses cours ?taient ? mourir d’ennui.

C’est ainsi que le policier revint dans la cafeteria et s’exclama ??Je sais ce qui a pu le tuer?!?? Il prit la feuille de r?seau et commen?a ? la lire ? haute voix.

Ils ?taient maintenant 51 cadavres dans la salle. Effectivement,? ce cours ?tait litt?ralement ? mourir d’ennui.

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Une autre consigne dict?e par les lieux. Je dis?: d?crivez la pi?ce o? nous sommes le plus objectivement possible. Et puis,? quand ils ont fini, je dis introduisez quelque chose qui va modifier le lieu et l?un de mes endormis, ?en une phrase, comme le meilleur des ?crivains fantastiques,? a su cr?er l?horreur absolue du cauchemar ?veill??:

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La pi?ce se trouve au deuxi?me ?tage du b?timent, on y a acc?s pas une simple porte verte. A l’int?rieur, les murs sont verts eux aussi et la d?coration est tr?s basique, comme l’est en g?n?ral la d?coration d’une salle de classe. Sur le mur de droite, on peut voir un tableau blanc pour projeter, un autre plus loin pour ?crire, une seconde porte verte et un poster; sur le mur en face, quatre fen?tres, quatre radiateurs. Sur celui de gauche, encore un tableau blanc, plus petit; et sur le dernier mur, deux posters suppl?mentaires et une alc?ve agrandissant la salle. Au milieu de la pi?ce, des tables positionn?es en rectangle, des chaises sur l’ext?rieur, et enfin au plafond, des n?ons, un projecteur et une camera.

C’est apr?s ce rapide ?tat des lieux que l’?l?ve se d?cide ? aller ? sa place. Il entre dans la salle, s’accroche ? la poign?e de porte, la fait c?der sous son poids et tombe en tourbillonnant dans le vide.

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Plus que deux ateliers ? l?Iut. En juin, je m?en vais pour?ne ?faire plus qu??crire. J?esp?re que je pourrai mener d?autres ateliers ailleurs. J?ai tellement aim? ?a. J?ai form? plusieurs coll?gues, tous ont aim?. Au d?but, les ?tudiants sont m?fiants, ?hostiles ou au mieux indiff?rents. Et d?s la 2? ou 3? consigne, ils se prennent au jeu. Les stylos courent, les feuilles se remplissent, ils ont pos? leur t?te sur leurs bras pour se cr?er des petits nids d’?criture et ??ils ?crivent?? Bernardo, le Br?silien,? Phan Kien, Aoutet, m?me ceux qui ont du mal avec notre langue ?crivent. C?est ?a le miracle de l?atelier?!

Ecrire, ?c?est se poser et se rappeler de lointains souvenirs.

Ecrire, ?c?est reposant.

Ecrire, ?c?est essayer de faire de belles phrases.

Ecrire, ?c?est faire une histoire qui nous semble g?niale mais lorsqu?on la lit nous semble toute banale.

Ecrire, ?c?est avoir les articulations du poignet qui font mal.

Ecrire, ?c?est savoir trouver les bons mots comme dans la vraie vie.

Ecrire, ?ce n?est pas si facile.

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?Ecrire, c?est un don

Ecrire, c?est l?envie

Ecrire, c?est un partage

Ecrire, c?est travailler

Ecrire, c?est ?couter

Ecrire, c?est recopier

Ecrire, c?est un m?tier mais

Ecrire, c?est se l?cher et

Ecrire, c?est une libert?

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?crire, ?c’est parfois hurler en silence

?crire, ?c’est partager ce qu’on ne dit pas

?crire, ?c’est se d?voiler

?crire, ?c’est penser

?crire, c’est pr?server

?crire, ?c’est ce souvenir

?crire, ?c’est envisager

?crire c’est vivre

Atelier d??criture G6 S1 La Doua

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