Les guerres de mon père, Colombe Schneck

 

 

Admirative de cet immense travail de recherches dans les archives, d’enquêtes, de témoignages, mais surtout de sa restitution qui n’est jamais ennuyeuse et même passionnante qui nous fait pénétrer en plein  au cœur d’une réalité historique dérangeante, mal connue et surtout niée de toutes les manières.

Ce qui m’a frappée,  c’ est que ces chiffres, les listes de noms, les faits avérés, archivés sont encore niés ou déformés par les acteurs,  ce mensonge organisé,  ce déni généralisé est insupportable et est encore un fait de l’Histoire que tu montres exactement.

Touchée par la peur viscérale,  totale,  transmise et vécue à chaque minute des Juifs.

Et enfin, j’ai enseigné en Algérie dans le désert à Laghouat et à Jijel de 79 à 83, j’avais 24 ans je voyageais partout avec ma 2CV, et j’étais reçue avec gentillesse, curiosité,  aidée, et gâtée par mes voisins collègues…tous Algériens.  Dans ma naïveté, et mon audace de jeune femme un peu baroudeuse, ( j’avais lu mais pas attentivement sur la guerre) je n’avais pas conscience que tous les Algériens que je côtoyais avaient la gentillesse et l’élégance de ne pas m’en parler,  sauf quand c’était indispensable.  Je n’avais pas réalisé qu’on était seulement à 17 ans de ces atrocités et qu’elles étaient présentes dans les têtes et les corps.

Pour revenir à ton livre, le va et vient entre le présent et le passé est incroyablement fluide et maitrisé, quel talent ! On est dans ta colère, ta vulnérabilité, on suit tes recherches, leurs difficultés et  sans cesse on retourne avec ténacité  dans le passé,  les faits du passé et on sait que c’est nécessaire et qu’on ira jusqu’au bout avec toi, et on a peur pour toi et on est happés par l’envie de savoir comme toi.

Et l’élégance,  l’amour de la vie et l’optimisme de ce père est une leçon pour tous.

Mais c’est l’écriture qui le fait échapper lui sa famille et tous les siens,  non seulement aux horreurs de la guerre et mais à la pire horreur,  celle de l’oubli, il est sauvé ce père,  il a traversé les guerres mais c’est l’amour et l’écriture de sa fille qui l’ont sauvé.