Retour du Burkina! Journée de la femme! On fait avec!

bourgogne , suisse et burkina fasso 162bourgogne , suisse et burkina fasso 216bourgogne , suisse et burkina fasso 291Des hommes et des femmes qui ne connaissant pas l’électricité, ni la télévision, ni la radio, n’ont jamais eu de moto, encore moins de voiture,  ni de motoculteur, n’envoient pas leurs enfants à l’école parce que c’est trop cher, ne lisent pas de livres ni de journaux, se marient dans leur milieu et travaillent jusqu’à leur mort. Et pourtant, ils sont gais, ils rient, ils plaisantent, sont élégants comme des princes, sortent des cases poussiéreuses avec des pantalons repassés, des chemises immaculées, les femmes portent des robes avec des cols de dentelles très blanc, Comment font-ils?

Ils disent toujours » on  fait avec »! Les jeunes filles vendent au marché des oranges épluchées à la lame de rasoir ou des petits sacs en plastique remplis de bouillie de mil sucrée.   Avec leurs quelques sous, elles achètent un tissu,  un pagne ou deux pagnes,  c’est la mesure, et  elles vont chez la tailleur, consultent longuement le catalogue de modèles et se font coudre une robe qui tombe à la perfection sur une chute de rein stupéfiante! Pour la journée de la femme, beaucoup s’étaient fait coudre une robe avec un tissu rouge et vert recouvert d’inscriptions Journée de la femme 2013!

La jeune institutrice dans une école sans table,  qui ne parle pas la langue de ses élèves, « on fait avec »,  Latchou sourit devant sa rizière en eau, les vieilles dames dansent avec fougue sous les manguiers, les enfants ont grimpé dans les arbres pour mieux les voir, les Peuls nous photographient avec leurs portables, autant qu’on les photographie,  » on fait avec », les enfants de la Villeneuve de Grenoble  sont venus jouer la batucada avec les enfants des banlieues de Ouaga- dougou, ça bouge en Afrique!

Ces morceaux de mémoire brisée…

Jean Rouaud

P1090550P1090549Le monde à peu près,  Editions  de minuit 1996 p 209

« Une tragédie d’enfance, comme il arrive parfois qu’on tente d’enfouir au plus profond de soi, de remiser en force au rayon des affaires classées, futiles, sans conséquence, et qui ressurgit, blessante, lancinante faussant tout, désespérant tout, oublieuse de rien, drame surnaturel dont l’esprit et le corps ont conservé l’empreinte immatérielle plus sûrement qu’un trou dans la chair. Car il ne subsiste apparemment rein, ni plaies, ni bosses, rien qui empêche de vivre, et pourtant quelque chose est là en travers, qui, depuis, s’ingénie à tout gâcher.

Et vous qui recueillez ces morceaux de mémoire brisée, coupante comme du verre, vous ne pouvez que demeurer à l’écoute, immobile et silencieux, démuni, privé du secours d’une parole consolante ou d’un geste de compassion, toutes choses déplacées, tenu à n’être que ce bureau d’enregistrement du malheur, ce greffier des pleurs, tout ouïe qui regarde la souffrance et se résigne à n’en pas prendre sa part. »

La maladresse qui consiste à écrire

P1090593« La maladresse qui consiste à écrire, ( expression utilisée par Marcel Proust dans Albertine  disparue et que Patric Laupin dans sa clairvoyance a épinglé   devant nos rétines , sur nos feuilles blanches )   l’acte qui peut ouvrir en nous de nouvelles perspectives d’espérance » , est un acte  qui diffère la rencontre, qui maintient dans le flou, l’avant, l’attente, l’irréalisable, le brouillon jamais mis au propre.

La maladresse qui tient à distance le trop réel, l’achevé, qui éloigne le réalisé, le fini.

Qui tient l’enfant à bout de bras, l’enfant non grandi, l’adulte  inapproprié, le travailleur non-conforme.

L’acte d’écrire  diffère aussi l’installation, la dur de la construction, maintient dans le mouvement vers, l’en aller, l’errance brumeuse,   fait écouter à la cloison très mince qui laisse passer les sons profonds.

L’acte d’écrire est affaire d’immaturité, de raté de la vie, de recommencé, de recherché,  d’inavancé.

Chez l’écrivain, la maladresse est chronique, l’empreinte n’est jamais gravée dans le marbre, mais toujours sur un mince papier,  une  feuille volante, un manuscrit impublié.

La maladresse qui consiste à écrire est pourtant nourricière.  A qui s’adresserait le poète qui fonce vers ses buts, le poète qui dit toujours le  même dans des milliers de pages, le poète avance à reculons, avance en tournant, en creusant, en descendant, jamais en ligne droite?  Le mineur creuse sa galerie,  a dit Patrick, l’écrivain creuse et boise ses tunnels, de tant d’épaisseurs, que bientôt sa galerie devient  couloir de bibliothèques, galeries d’incunables, sa galerie est obstruée,  ses parois se rapprochent mais il y est à son  aise, enfoui dans le gramme de la feuille, dans son grain, dans l’épaisseur de son écriture.

L’écrivain creuse ses gouffres intérieurs, ses hésitations, scrute ses tremblements, est habile à saisir le moindre frisottis  de la surface, la plus minuscule onde propagée de très loin. Le choc est infime à la surface, mais en dessous, le lac déjà plein de ténèbres est secoué d’énormes vagues, tout se répercute, tout s’amplifie, écrivain sismographe, enregistreur de l’infra temps.

La maladresse d’écrire est inguérissable,  on dit à l’acteur d’adresser son texte, de le donner à quelqu’un,  au public, l’écrivain lui n’adresse pas son texte, il  fait le mouvement inverse, il se tient dans l’entre-deux, il ajoute à l’épaisseur du temps, il comble les espaces, il crée des attentes,  des atermoiements, des retours en arrière,.

Tournez- vous vers l’avenir,  soyez efficaces, précis et vous irez loin,  dit la doxa d’aujourd’ hui !

Mais qui se tourne vers le passé, vers le dedans, vers l’inapproprié, non seulement,  ne gère pas le temps, mais le dilate à l’infini, le diffracte, le rend élastique et feuilleté, le plie,  le replie et chaque pli en appelle un autre, sans fin, va encore plus loin !

Certains jours la maladresse qui consiste à écrire est très fatigante, elle suppose d’accepter l’attente, le manqué, le lâcher-prise, le non-tenu, le  mouvant et l’incertain, Qu’il serait bon de poser le pied sur un sol dur et les yeux sur des choses reconnues,  qu’il serait plus simple et réconfortant  de refermer la porte, d’y placer  une grosse serrure, une barre à deux points, d’y pousser même un canapé  ou une armoire, pour mieux la bloquer, et se tourner paisiblement vers l’écran de télévision, vers les visages familiers et la soirée qui commence.

les séparés

Les séparés

verre et bouteilleAu fond des bistrots, à la dernière heure d’un bal de village, on rencontre des êtres, souvent des hommes, parfois des femmes, qui sont des boute en train, des habitués, des piliers de bar, comme on dit, ceux qui en ratent jamais une soirée, qui rentrent les derniers chez eux, qui vont encore en héberger d’autres, les jamais seuls, les copains de, les amis de toujours, les fidèles de la bande. Ils racontent , font les clowns, offrent la dernière, sont connus de toute la ville ; de tout le village, c’est toujours à eux qu’on pense quand on veut un bénévole pour telle ou telle action,  telle association, à eux qu’on demande pour servir à la buvette, amener les jeunes au match.. Toujours rieurs, toujours au milieu de la place…

Et pourtant ces hommes-là sont les plus tristes et les plus vulnérables de la terre, au fond  de leurs yeux à quelques intonations, à la façon de tenir le bras, de le retenir, surtout de le retenir, qu’il ne rentre pas chez lui, qu’il en le laisse pas !

J’ai assisté bien souvent à ces désespérants au revoir, celui qui retient la naufragé, encore un allez, un petit dernier, celui qui voudrait partir, l’oublier ; le rayer, s’en débarrasser.

Et celui qui a peur soudain que l’angoisse rend pisseux, collant, c’est justement le rigolo de la soirée le boute en train, il ne rigole plus,  sa voix se fait pressante, humble suppliante, tu vas partir,  pas encore ! Allez viens, on va voir si c’est encore ouvert chez Nino ! Non ! Tu veux pas ?  Alors on va chez moi, j’en ai mis une au frais ! Non ?  C’est trop tôt ! T’es mon ami, on est amis hein ! Dis-moi qu’on est amis ! Qu’est-ce qu’on pourrait faire ? On va au chalet du lac ? J’ai des copains qui m’attendent là-bas ! Non,  ne pars pas !

Dans la nuit,  la voix du dernier, du séparé, si déiffrente de celle qu’il a eue toute la soirée ! Où est-elle passée sa faconde, sa joie de vivre ? Comment ça s’est écroulé à l’intérieur, ces histoires drôles, ces vannes, ces plaisanteries ne laissent place qu’à cette simple plainte !

Où était le triste naufragé qui apparait à la dernière heure ? Où s’éteinte-il caché avant ?  Dans quels emplis de l’âme du cerveau, attendait-il son heure pour crier sa solitude ?

L’ami est parti, le patron fait le tour de la salle pour éteindre les lampes, le boute entrain est ployé sur son verre, il faudra qu’on le pousse dans la nuit.

Demain soir à la première  heure, il sera là rasé de frais, drôle,  avenant, disponible rigolard,

Robert ? Heureusement qu’il est là pour mettre de l’ambiance !

Le bonheur fou

photo de GionoEcriture fugitive, écriture furtive, petit carnet  au fond du sac, grand bureau tout en hait de la maison, caché sous les frondaisons, heures volées, heures dispersées, coin de table de bistrot, bord de lit d’hôtel, question gênée,  ah tu écris, ce doit être intéressant !

Non, ce n’est pas intéressant ! C’est vital, c’est pulsionnel, c’est agité, c’est frustrant, jamais le texte, le livre écrit ne ressemble à celui du rêve, jamais !

C’est décalant, toujours dans un groupe, une soirée, un repas de famille, la& petite case s’éclaire, et la machine à enregistrer, à noter, à garder se met à pianoter, jamais une jamais sereine, entière, toujours deux, celle qui vit, celle qui écrit celle qui vit pour écrire celle qui écrit pour vivre. Celle qui se détache, se distingue, fait le pas de côté, qui sépare, qui isole, l’autre soi ! L’écrivain est celui qui se réjouit d’une maladie, d’un emprisonnement : Giono a été heureux de son emprisonnement si injuste de six mois à la fin de la seconde guerre mondiale, enfin le bonheur fou d’écrire, juste ça et rien d’autre ! Et Réné Frégni, écrivain de polar va écrire lui aussi en prison et rencontrer Giono qui est justement son voisin à Manosque!

Instant fugitif du matin, de la première heure, du premier moment, de la journée, il est à moi, soif et faim, une heure ou deux pas plus,  l’instant fugitif est en allé, il est derrière moi, il a existé.

Voeux 2013

P1100171A la fête des lumières à Lyon, le 8 décembre, des étudiants avaient installé des lampes récupérées, tout le long d’une rampe d’escalier de la Croix Rousse.
Une montée drôle et douce comme l’année 2013 que je vous souhaite.

Le fil à plomb

fil_a_plomb_1_cOn a tous des sources artésiennes, des fils à plomb, un endroit où la fréquence se refait. Un fil à plomb, c’est ce qui tient droit, ce qui fera le mur droit sans menaces d’écroulement.

La parole secourable,  c’est celle de mon père, non pas ses vieux proverbes qu’il ressortait tout usés comme des vieilles pantoufles qui sentent un peu les pieds, après l’hiver vient toujours le printemps, les chiens ne font pas des chats, il faut pas avoir froid aux yeux, ce n’est pas ses paroles, c’est ce qu’il y avait dessous, ses paroles comme pare-feu, comme paravent contre l’émotion, contre la peine et le chagrin, comme message d’alerte.

Bourru et bougon sous la casquette, il voyait exactement ce qu’il fallait voir et on avait confiance dans sa vista, son coup d’œil.

Un jour, une amie lui a montré un bonzaï. Fière, elle expliquait comme il était vieux et cher et venait de loin, et nécessitait des soins constants. Il a juste dit, vingt dieux, comme il a souffert, c’est pas possible de faire souffrir un arbre comme ça ! Ce n’était pas la phrase, c’était ce qu’il avait vu, les tailles, le sécateur qui atrophiait progressivement la pousse, les liens qui entrent dans la chair, l’arbre qui se rabougrit, se recroqueville, se déploie,   malade, un peu comme un nain, un gnome effrayant. Les snobs japonisants et esthètes  ne pensent pas à tout ça.

Il disait aussi un homme qui se suicide, c’est qu’il est malade, si on avait su le soigner, il se serait pas suicidé.  Y a pas plus grande souffrance que la dépression nerveuse, ce n’était pas la phrase qui était secourable,  c’est que toujours il allait droit au  centre, un enfant triste, une plante qui a soif, un chien malade à abattre d’un coup de fusil de chasse, il y allait, il tirait droit à l’œil, à l’os. Mon fil à plomb, c’est ça,  la direction, le regard, l’attention à ce qui a mal, à ce qui menace. Si j’ai faim, je suis capable de manger de la vache enragée, les chiens ne font pas des chats, regarder dans le blanc des yeux, tous les hommes sont égaux.

Oui papa, parle, tes paroles d’évidence, tes refrains, je les connais,  ces litanies consolatrices, je  ne les entends  plus ou comme une vielle berceuse, aux paroles enfantines, mais ce que tu nous as appris, c’est à regarder, à déceler la pierre qui se détache, et qui va faire tomber le murger, la fissure dans la poutre,  la terre qui se fendille, le sourire qui se force, la main qui tremble, l’angoisse qui affleure, qui hurle en silence derrière le rire et qui tue brutalement.

Le bonzaï meurt très lentement,  le mur tombe d’un coup, le suicidé saute le pont,  toi tu sentais ces choses-là, tu les voyais même si tu ne savais pas les dire, ou s’il fallait  les comprendre sous les vieilles paroles.

En vase communicant avec Jeanne, voyage en écriture sur la ligne des hirondelles

Jeanne-16-09-2012-13-26-48-4592x3056-1024x681 Le train de Jules Verne avait l’apparence d’un Nautilus.
d’un voyage extraordinaire qui..emmène. emmènera.

 emportera.

on avait rêvé d’ailleurs et nous partions vers le connu – ligne ferroviaire Morez/Saint-Claude. ligne des hirondelles. on prenait le large sur les rails à  travers les montagnes jurasiennes.

l’autorail Picasso nous mènerait-il  à bon port – quoi qu’il en coûtait de coordination entre les 2 conducteurs.
l’autorail, ses cheminots d’un siècle pass?éet ses voyageurs contemporains pour un voyage dans le temps – brins de nostalgie que les moins de 30 ans ne pouvaient pas connaître mais yeux émerveillés tout autant.

on voyageait et découvrions le passage du temps et des tunnels. on voyageait et saluions les curieux aux passages – heureux d’être là. Nous n’allions pas si loin et.. pourtant.. tous ensemble à nos joies nous nous retrouvions potes en nos mes – émotions aiguisées d’un « tour de manège » hors ordinaire.

le jour souriait
sur le quai des gares
sur les voies
dans les rues de ceux qui prenaient le train.

en nous ce tchtch tch qui
– fermant les yeux – nous berçaient la nuit – voyages nocturnes au  bord du rail – voitures-couchettes ou assis-confort sommaire.
en nous ce tchtch tch qui – fermant les yeux
– évoquant alors autres voyages ferroviaires – aller vers l’ailleurs – retour au bercail – escale-attente ? St Pierre des Corps sans rien pas même machine  café – attente – courses pour attraper le train qui déjà partait – sans nous – sans eux

billet s’il vous plaît. billets qui restaient là, avec nous – madeleines de ces espaces entre 2 points. billets marque-page – lectures en  ces endroits-là propices à lecture silencieuse et isolement du brouhaha des vies. tchtch tch on partait n’attendions pas n’entendions pas retour. partions toujours. vers – peu importe. partions.

tchtch tch le train – ces trains – voyage et but en soi. point de raison que de voir paysage défiler quand immobile en un lieu.
tchtch tch tch et le rythme s’accélérait et nos cœurs et nos corps s’assouplissaient pour se laisser porter d’un point ? un autre – silencieux contemplatif pour mieux revenir dans l’espace et le tumulte.

Picasso et son autorail nous menait loin et nous n’en menions pas large de ce qu’il avait remue en nous. avions remonté le temps – et l’espace de nos jours présents – se souvenir alors – une nouvelle fois – d’une voiture-bar (fumeur ?tait plaisant), landeau à peine un mois, Marie à peine un an – Besançon-Rennes via gare de Lyon et Montparnasse. vers l’inconnu. à  l’ouest.
de l’ouest prendre Nantes. Bordeaux. et voyage en Espagne pour terminus Tanger. autre compagnie. même voyage intérieur.

tchtch tch.. tch. tch.
tch.
terminus.
on reprendra le train.

emportant
en nous
ceux qui manquent.

( Maryse,  Morgane,  Gabriel,  Bernard, ? Marie,
 celles et ceux que je ne connaîtrai jamais assez)

Retrouvez mon texte sur le site de Jeanne ? ?www.babelibellus.fr/

la liste des autres blogs participants ? ces Vases communicants
http://rendezvousdesvases.blogspot.fr/2012/

le petit merle

p style= »text-align: justify; »>P1090861P1090862P1090864P1090864D?but?ao?t, vers 14h, le petit merle a vol? de ses propres ailes. Il attendu?longtemps, ?paralys? sur?une?branche basse ?du m?rier-platane, puis sa m?re est venue le chercher, elle h?sitait parce que j’?tais tout pr?s, je devais l’effrayer, alors, il s’est ?lanc? et il est tomb? sur le sol, la m?re s’est enfuie et lui, il a volet? jusque derri?re une brouette o? il s’est cach?. Longtemps. la m?re est?revenue, il l’a suivie toujours voletant vers une autre cachette entre le lierre et le mur. Et ?? nouveau, il n’a plus boug?, s?rement ?puis? par l’effort. L?, tout l’apr?s-midi, la m?re?est?venue?le voir, lui apporter de la nourriture, elle l’avait cherch? un moment au d?but et l’avait retrouv? ? sa voix, ?je pense. Le soir, vers 8h, elle ?tait encore l?, le surveillant, ?guettant, allant et venant . J’?tais assez pr?s d’elle pour voir sa gorge palpiter quand elle ?mettait un petit cri .