Chien-Loup, Serge Joncour, Flammarion 2018

Chien-loup

Serge Joncour

Excellente fiction, deux récits avancent en parallèle, les vacances d’un couple d’aujourd’hui, lui , Franck,  producteur de cinéma hyperactif, hyper connecté, et elle, Lise,  actrice un peu trop âgée pour que son téléphone sonne et en recherche de paix et de sérénité,  elle a loué une maison isolée, sur un causse perdu en Dordogne.

L’autre récit commence en juillet 14, c’est celui du village qui,  à la déclaration de la première guerre mondiale,  va perdre ses hommes,  ses chevaux et son  bétail, tous  envoyés à la mort. Seules restent les femmes qui,  à force de courage,  remplacent les hommes  et nourrissent les enfants.

Là-haut,  Franck au début souffre énormément de la solitude, il se rend tous les jours  au village et peu à peu,  à travers préjugés et malentendus,   fait quelques  connaissances, en même temps,  il est harcelé au téléphone par ses associés, plus jeunes que lui qui veulent le dépouiller.

On apprend que pendant la guerre, un dompteur allemand a loué cette même maison pour éviter la guerre et préserver ses fauves d’une mort certaine, leurs rugissements qu’on entend de très loin  inquiètent et énervent la population du village. Seule Séraphine, la veuve du docteur,  la première à avoir perdu son mari à la guerre, ose monter sur le Causse  approvisionner le berger. Mais elle a une autre idée…

Franck comprend que, contrairement à ce qu’on croie dans les villes,  la nature, les bois, les chiens-loups, les chasseurs sont toujours aussi dangereux et sauvages mais le sont-ils autant que ses associés aux dents longues, ces fauves d’aujourd’hui ?

Un récit très bien mené, un parallèle entre deux époques qui fonctionne, une époque éclairant l’autre, le  refoulé de la mémoire rejaillissant par éclats, des descriptions de la nature, de la vie rurale, ou dans les villages d’hier et d’aujourd’hui qui ne lassent jamais,  tant  les passions humaines sont mêlées aux vies animales, celles des chevaux, des fauves, des loups.

De roman en roman,  Serge Joncour approfondit ses thèmes et excelle à décrire notre monde  et notre époque.

Classé deuxième roman le plus acheté en librairie cette semaine

 

 

Les guerres de mon père, Colombe Schneck

 

 

Admirative de cet immense travail de recherches dans les archives, d’enquêtes, de témoignages, mais surtout de sa restitution qui n’est jamais ennuyeuse et même passionnante qui nous fait pénétrer en plein  au cœur d’une réalité historique dérangeante, mal connue et surtout niée de toutes les manières.

Ce qui m’a frappée,  c’ est que ces chiffres, les listes de noms, les faits avérés, archivés sont encore niés ou déformés par les acteurs,  ce mensonge organisé,  ce déni généralisé est insupportable et est encore un fait de l’Histoire que tu montres exactement.

Touchée par la peur viscérale,  totale,  transmise et vécue à chaque minute des Juifs.

Et enfin, j’ai enseigné en Algérie dans le désert à Laghouat et à Jijel de 79 à 83, j’avais 24 ans je voyageais partout avec ma 2CV, et j’étais reçue avec gentillesse, curiosité,  aidée, et gâtée par mes voisins collègues…tous Algériens.  Dans ma naïveté, et mon audace de jeune femme un peu baroudeuse, ( j’avais lu mais pas attentivement sur la guerre) je n’avais pas conscience que tous les Algériens que je côtoyais avaient la gentillesse et l’élégance de ne pas m’en parler,  sauf quand c’était indispensable.  Je n’avais pas réalisé qu’on était seulement à 17 ans de ces atrocités et qu’elles étaient présentes dans les têtes et les corps.

Pour revenir à ton livre, le va et vient entre le présent et le passé est incroyablement fluide et maitrisé, quel talent ! On est dans ta colère, ta vulnérabilité, on suit tes recherches, leurs difficultés et  sans cesse on retourne avec ténacité  dans le passé,  les faits du passé et on sait que c’est nécessaire et qu’on ira jusqu’au bout avec toi, et on a peur pour toi et on est happés par l’envie de savoir comme toi.

Et l’élégance,  l’amour de la vie et l’optimisme de ce père est une leçon pour tous.

Mais c’est l’écriture qui le fait échapper lui sa famille et tous les siens,  non seulement aux horreurs de la guerre et mais à la pire horreur,  celle de l’oubli, il est sauvé ce père,  il a traversé les guerres mais c’est l’amour et l’écriture de sa fille qui l’ont sauvé.

 

Les huit montagnes, Paolo Cognetti

Les huit montagnes, Paolo Cognetti, Stock , 2017

 

Pietro vit à  Milan, avec ses parents et, chaque été, part avec eux en vacances à  la montagne. Son père arpente les sommets, sa mère et lui restent au village de Grana, au pied du Mont Rose.

Il y fait la connaissance de Bruno, un garçon de son âge, berger.  Ensemble, ils arpentent la forêt, le torrent, et surtout les ruines de tous ces hameaux d’alpage qui se vident peu à  peu. Bruno le surnomme Bério, qui signifie Pierre et l’attend chaque année.

Devenu plus grand, Pietro suit son père en randonnée et découvre l’ivresse de la marche,  de l’effort et de la solitude. Bruno les accompagne quand il peut.

Un jour, Pietro devenu adolescent refuse d’accompagner son père, se lassant de ses silences et de son caractère difficile et intransigeant.

Pietro devenu adulte vit sa vie et ne vient plus à  Grana, jusqu’au jour où son père décède et lui lègue une ruine au sommet des alpages. Il y revient donc retrouve Bruno et ensemble, tout un été, ils restaurent la baïte, la cabane d’alpage.

Le roman change alors d’allure, Bruno resté dans ce village tente de faire revivre l’élevage traditionnel. Pietro, entre deux voyages en Himalaya,  retrouve Bruno, le souvenir de son père en refaisant les mêmes sommets, et la solitude qu’il apprivoise.

C’est un récit d’amitié pudique et violent, c’est aussi le récit de deuils enfouis, et de l’incompréhension entre les générations. C’est encore la description  acérée  et poignante de la fin d’un mode de vie dans la montagne, de la transformation des montagnards en agents de tourisme ou en alpinistes professionnels.

Mais c’est surtout un hymne à  la beauté sauvage et cruelle de cette montagne très vieille, de ses glaciers,  de ses torrents, de ses sommets et de ses envoûtements, car certains ne pourront jamais plus en partir.

Pour moi, c’est encore le souvenir intact des récits de ma tante Santine, de mon oncle Michel nés en Val d’Ayas, dans un village d’alpage appelé Mascogne, en tous points semblable à Grana. 

 

 

Parti voir les bêtes, Anne-Sophie Subilia, Zoe.

 

Parti voir les bêtes, Anne-Sophie Subilia,  Zoe,  2017.


C’est le deuxième roman d’une jeune romancière suisse que je découvre grâce aux amies libraires de chez Zadig  à Saint-Claude.

Le titre sonne comme un mot laissé sur la table, mais c’est aussi l’activité principale du personnage qui passe son temps à aller marcher dans les pâturages et à écouter les oiseaux.

Le texte s’adresse à lui dans un « tu » à la fois familier et étonné, parfois agacé. En effet, ce quadragénaire est revenu vivre dans le village de son enfance dans le pays roman au pied du Jura, là où son grand-père avait une ferme et un atelier de menuiserie qu’il a dû vendre parce qu’aucun de ses enfants n’était intéressé. Mais il ne s’agit pas d’un retour à la terre car « la terre » n’existe plus mitée par les lotissements, les autoroutes, les ronds-points et l’immense chantier prévu.

Pourtant, il est là, au bistrot, chez la coiffeuse solaire et attirante, avec son neveu à qui il transmet les gestes du grand-père ; il est là, il flâne, se couche dans l’herbe, créé des objets en bois dans l’atelier prêté par le voisin . Il est là,  avec ses colères, contre son père qui a laissé partir la ferme du grand-père, contre le temps qui tue l’enfance et la forêt, contre lui-même qui ne trouve pas sa place et qui ne peut pas avoir d’enfant car il est stérile.

Mais le village et ses habitants sont plus forts que la colère et que tous leurs ennemis, il se transforme certes, on entend parler anglais à l’épicerie, et les touristes arrivent mais la rivière, les lumières, les chants d’oiseaux et l’atelier restent.

C’est un roman sur la mutation du monde rural et de ses habitants qui aurait eu la tentation de la nostalgie mais qui a su la transformer en un hymne à la singularité des paysages.

« Tu dis que c’est une contrée à deux vitesses, faite pour des cœurs différents. […] D’un côté, il y a ce que tu refuses de comprendre: pourquoi les gens ne se promènent plus à pied, pourquoi ils veulent tous une maison, pourquoi ensuite on les voit plus de la journée et que la maison reste close jusqu’à ce qu’ils rentrent à tout allure y dormir[…]. Et d’un autre, il y a ce que tu aimes. Ta contrée sent fort. La bête, la paille, la châtaigne. Ça sent la transhumance, le foin qui roule dans l’écurie. Ça travaille avec les saisons. Sur l’heure du midi, la fourche reste piquée dedans longtemps. Ça t’embrume comme un trésor »

Article 353 du code pénal, Tanguy Viel, Editions de minuit, 2017

Article 353 du code pénal,  Tanguy Viel,  Editions de minuit 2017

Martial Kermeur vient d’être arrêté par la police et s’explique à son juge d’instruction. Il retrace tous les événements qui l’ont amené à jeter à la mer Laznec, un promoteur escroc. Il raconte son licenciement de l’arsenal de Brest, son divorce, la garde de son fils lui-même en prison pour « une très grosse bêtise ». Il raconte comment il a investi la totalité de sa prime de licenciement dans le projet immobilier de Laznec, et comment,  peu à peu,  il s’est rendu compte que beaucoup dans le village,  dont le maire,  avaient fait la même chose et comment Laznec dépensait leur argent mais ne construisait jamais le complexe immobilier qui devait tous les rendre riches.

 L’auteur réussit à nous faire entendre la voix de cette  double victime,  victime d’un licenciement et victime d’un escroc plus malin, plus riche et plus culotté que lui, comment devant lui,  justement il n’avait pas les mots. Le monologue est hypnotisant,  jamais ennuyeux, car on est constamment aux cotés de Martial,  on a cru avec lui qu’il s’achèterait un beau bateau de pêche, et que son fils serait fier de lui, mais non,  il s’est fait mener en bateau.

Et ce que l’auteur montre sans insister mais avec une grande finesse,  c’est la désespérance de ces petites villes que le travail a déserté alors que tous, y compris le maire,  votent à gauche, leur impuissance,  leur  honte qui les amènent  à croire n’importe quel bateleur qui,  au nom du progrès,  du tourisme,  du développement,   les fait rêver à un autre avenir. Il montre aussi le délitement de la famille quand le père perd travail et honneur.

Martial à son juge et pour une fois parle,  dans une logorrhée irrépressible,  et parce que le juge (c’est-à-dire nous, lecteur)  écoute et comprend et prendrait presque son parti.

C’est un roman dont la construction est subtile et dont le propos est sensible et intelligent.

Marlène, Philippe Djian, Gallimard, 2017

Marlène Philippe Djian, Gallimard 2017

 

Dan et Richard, les héros,   sont deux vétérans d’Afghanistan. Amis de toujours, ils se sont protégés pendant toute la  guerre, mais de retour chez eux, ils tentent de se reconstruire de façon très différente. Dan tâche d’oublier en travaillant,  en étant sérieux et méticuleux dans ses exercices  de sport, Richard   au contraire est flambeur, tricheur et délinquant. Autour d’eux,  gravitent la femme et la fille de Richard, une adolescente en révolte et surtout , la belle-sœur, femme libre, enceinte, et dont on ne sait jamais si elle dit la vérité sur son passé et son présent.

L’imminence d’une catastrophe est palpable, poisseuse, le style est minimaliste et c’est le secret de Djian, de créer, à chaque nouveau roman et  à chaque phrase,  une surprise, une image, un renversement de perspectives qui nous tient en haleine dans cette fuite en avant dont on sait  que de toute façon la fin sera tragique.

Pas déçue, beau travail  !

Enfance d’un chamane, Anne Sibran

 

Ce récit romancé nourri des voyages et séjours de l’auteure en Equateur, dans la forêt amazonienne, raconte ses rencontres et son « initiation » à la culture et au territoire Kichwas par Lucero Tanguila, vieux chaman, petit-fils du grand Baltazar Tanguila, homme –tigre.

Ce vieillard silencieux l’emmène en forêt, lui fait découvrir des sites sacrés, la rend témoin de scènes de fêtes de guérisons grâce aux chants, lui raconte l’Histoire de son peuple  et de la colonisation. Comme il n’a pas de successeur, il sait que les compagnies minières et pétrolières vont détruire la forêt mais il luttera jusqu’au bout. Il l’initie au silence, à voir ce qu’il y a derrière les apparences,  à entendre ce qu’il y a derrière les mots. A travers ce récit émietté, diffracté, et cette langue poétique, luxuriante comme la forêt changeante,  comme le fleuve, le lecteur,  à la suite de l’auteur se perd, perd ses repères et s’enfonce dans la profondeur de la magie chamane, de la forêt tropicale, et dans le chaos des luttes humaines, c’est envoutant, une expérience inoubliable.

D’autres récits, photos, une vie de « voyages et d’utopies » à découvrir aussi sur le site de l’auteur

http://www.anne-sibran.com/voyages-et-utopies/

D’après une histoire vraie

 d'après une histoire vraie imageD’après une histoire vraie, Delphine de Vigan, JC Lattès 2015

L’ambiguïté du titre annonce ce que sera ce roman,  un jeu  habile entre les codes du roman, une autofiction riche et  un thriller haletant. Le titre ne dit pas que c’est aussi une réflexion puissante et jamais ennuyeuse  sur les rapports entre la vérité et l’art,  entre la réalité et la fiction et sur le pouvoir de la littérature.

La narratrice et personnage principal est une  romancière qui ressemble trait pour trait à ce qu’on sait de Delphine de Vigan. Donc, comme la presse nous l’a appris, cette romancière, après le succès phénoménal de Rien ne s’oppose à la nuit, se sent vidée, déprimée, incapable d’écrire une ligne et  de se remettre à un autre roman. C’est la panne, le syndrome de la page blanche, celui qui terrifie tout écrivain. N’a-t-elle pas tout dit  de sa vérité dans ce précédent roman, une autofiction mettant en scène sa propre mère,  sa propre vie ?

Elle tente la fiction pour se changer les idées, parce que c’est moins douloureux, moins impliquant mais n’y arrive pas.

C’est alors qu’entre dans sa vie  celle qu’on appellera L, une   jeune femme, écrivain, nègre de célébrités,   indépendante et forte, qui semble la comprendre parfaitement.  Elles deviennent amies, L la soutient, la materne, se rend indispensable. Puis s’installe chez elle.

Elles parlent énormément,  et,  dans leur dialogue enflammé, et très incarné, se retrouvent traités tous les problèmes de la fiction contemporaine. Les séries télévisées et le récit de faits divers, n’ont-ils pas remplacé avantageusement le roman classique,  son suspens et son contenu réaliste ? L’écriture contemporaine n’est- elle possible que si elle se contente de dire la vérité nue, donc si elle poursuit le travail d’autobiographie ?

  1. incite Delphine de Vigan à recommencer un livre de vérité, pour elle, la seule forme valable aujourd’hui. La romancière Delphine de Vigan résiste, mais hésite aussi.

Et puis L devient de plus en plus envahissante, menaçante même.  Y aurait-il un danger ? Qui est cette femme ?  Delphine de Vigan cherche à savoir mais ne trouve rien.

Donc, tout en pointant les limites du  roman classique avec intrigue,  personnages, effets de réel, rebondissements, et suspens, D de Vigan en écrit un, qui nous embarque, comme le fait un thriller psychologique, elle joue même avec ses codes, poursuites,  maisons isolées,  nuits d’angoisse  et le lecteur souffre avec la narratrice,  se demande comment sortir de cette emprise,  se débarrasser de cette mystérieuse L.

Un très bon moment de lecture, une magistrale leçon jamais ennuyeuse sur les interrogations de la fiction contemporaine et  sur ses réussites, la preuve, ce roman en est une !

Nous serons des héros, Brigitte Giraud, Stock 2015

Nous  serons des héros

Brigitte Giraud

Stock 2015

C’est un récit à la première personne du singulier.  Olivier ou Olivio raconte son départ du Portugal, le deuil de son père ( il n’a su que longtemps après qu’il avait été torturé et assassiné dans les prisons du dictateur Salazar),  le voyage en train si triste,  l’arrivée à Villeurbanne dans le HLM de l’oncle puis l‘école, le travail de sa mère,  sa rencontre avec un  Pied noir Max.

Sa mère et Max se retrouvent autour de leur nostalgie commune d’un pays de  soleil,  du blanc des villages mais  ces racines communes ne seront pas suffisantes à la révolution des œillets.  Max sera jaloux et vexé que les Pieds Noirs n’aient pas été capables d’une révolution pacifique.

Tout change à cette révolution, la mère se redresse,  retrouve dignité et fierté. Olivio,  cet été-là, part au Portugal mais le retour est très difficile, sa famille sa langue, le pays lui sont devenus étrangers.  « Les lieux résistaient, ne livraient rien du passé. Il n’y avait pas de place pour mon père dans le Portugal d’aujourd’hui.  »

A Lyon, c’est avec  son chat Oceano, rescapé d’une tempête au Portugal qu’il trouve affection et complicité, et avec Ahmed, son ami   algérien qu’il est bien, ils ne se parlent pas, chahutent, Ahmed le domine mais  cette amitié, la seule,  lui fait du bien. Les autres Max, le frère d’Ahmed  y sont très hostiles.

Brigitte Giraud arrive à teinter tout le texte d’une nostalgie terrible, puissante et en même temps  à décrire la volonté et le courage de ces hommes et ces femmes de vivre, d’aller pique-niquer, camper au bord de la mer, toute une époque nous est restituée, avec ses espoirs  bien compréhensibles de confort et de sécurité. Elle décrit aussi  à petites touches fines, la perte d’un père, le besoin de se faire aimer du beau-père,  la fausse famille formée par Max et son fils  Bruno, et lui et sa mère,  la douleur du père divorcé, le dimanche soir, elle sait créer l’émotion et laisser poisser les non-dits et les malentendus.

Le narrateur s’initie à l’escalade, il ferait n’importe quoi pour obtenir un regard admiratif de son beau-père ou de ses amis, en vain. Mais en hauteur, le danger est là !

La terre sous les ongles, Alexandre Civico

la terre sous les ongles.inddC’est le premier de la pile des livres qu’on m’a offerts pour mon anniversaire, celui que j’ai eu envie de lire tout de  suite!
J’ai aimé cette violente lutte avec soi,  son passé et surtout sa langue,  et celle de l’autre.
Quelle maitrise de mener de front ces deux voyages l’un dans la mémoire,l’autre vers la terre d’origine, les deux,  âpres, épuisants et sans concession. Et les rencontres dans les bars, sur les aires d’autoroute qui reflètent notre monde, la solitude, l’opacité et l’étanchéité de ces codes  sociaux que  seule l’habileté des  transfuges  sait entrouvrir l’instant,  le  bref instant de la rencontre.
Quelle maitrise aussi de maintenir si loin le suspens de l’étrange objet qui  cogne  dans le coffre de la voiture.
Au début, je pensais que c’était la corps de son père qu’il ramenait  et non, ça aurait été trop gentil, et ce livre est violent,  c’est le corps de l’ennemi de classe,  enfin buté!
Ce n’est pas un  voyage vers les origines, mais vers l’enfer! Ne pas confondre!