Retour à Reims et ma colère

retour à reims6/10 Viens de finir le livre de Didier Eribon, Retour à Reims. Je suis encore suffoquée et révoltée par ses explications de mauvaise foi. Il a haï son père, ne s’est jamais occupé de ses frères, a délaissé sa mère parce qu’ils n’acceptaient pas son homosexualité. Mais lui, grâce à ses études, il a eu accès aux outils sociologiques,psychologiques, psychanalytiques pour comprendre, comment a-t-il pu toute sa vie être aussi aveugle, cruel et borné que son père?  Je suis sûre que s’il avait eu la volonté, la curiosité d’aller une fois voir son père à  l’usine comme je l’ai fait, il n’aurait plus eu honte de son père mais de lui-même. S’il était allé une fois voir son père ou sa mère  à l’usine, il aurait eu tout simplement pitié de lui, pitié et honte de le laisser là, de ne rien faire. Quand je pense qu’il a été militant trotskiste toute sa jeunesse et qu’il n’a pas été capable d’aider son père par une parole, je suis révoltée et je comprends pourquoi je n’ai jamais supporté ces intellectuels de gauche qui méprisaient ceux-là même au nom de qui ils étaient censés parler. Ce livre n’est pas un Retour c’est encore un aller simple vers son égoïsme brillant, puisque son auteur aujourd’hui reconnaissant sa culpabilité, continue, ne change rien, n’essaye pas de se rapprocher d’eux; ce livre est encore un étalage d’explications,  de justifications vaines puisqu’elles ne permettent pas d’agir, elles ne permettent à personne de vivre mieux, d’être moins malheureux.

Alors ? quoi servent les études, les livres, l’enseignement?