« Le vain combat ». Pas si vain que ça, même si apparemment perdu, dans un premier temps, ce combat contre les institutions religieuse, familiale, d’amitié virile, et contre soi-même, en fin de compte. Ça commence avec une scène épatante, aussi gênante que drôle en plein pèlerinage bosniaque, à Medjugorje. Une jolie machination qui, hélas, ne marche que dans les films, pas dans la réalité, qu’elle soit inventée ou non par le talent de Maryse Vuillermet. Ensuite, le corps du livre (on n’ose dire roman à ce stade, d’ailleurs, la couverture revendique le statut plus incertain de « récit »), rappellera très nettement l’affaire Prénat, et l’on retrouvera les développements et quelques « péripéties » donnés à voir par le superbe film de Ozon « Grâce à Dieu » qui marche sur les mêmes pas docu »Le vain combat ». Pas si vain que ça, même si apparemment perdu, dans un premier temps, ce combat contre les institutions religieuse, familiale, d’amitié virile, et contre soi-même, en fin de compte. Ça commence avec une scène épatante, aussi gênante que drôle en plein pèlerinage bosniaque, à Medjugorje. Une jolie machination qui, hélas, ne marche que dans les films, pas dans la réalité, qu’elle soit inventée ou non par le talent de Maryse Vuillermet. Ensuite, le corps du livre (on n’ose dire roman à ce stade, d’ailleurs, la couverture revendique le statut plus incertain de « récit »), rappellera très nettement l’affaire Prénat, et l’on retrouvera les développements et quelques « péripéties » donnés à voir par le superbe film de Ozon « Gâce à Dieu » qui marche sur les mêmes pas documentaires que le récit de l’autrice (il y a un cardinal de Lyon dont le patronyme de fiction : Bazin, est assez transparent). La troisième partie, brûlante, émouvante, stimulante, entraîne le lecteur dans la confession à lignes ouvertes d’un témoin qui n’a rien vu, a refusé de voir, n’a pas compris, a été enfin décillé par le suicide d’un ami perdu de vue et a décidé, dans l’espoir de se racheter à ses propres yeux, de se sauver par l’écriture. Par lui, par ce narrateur touchant et sa phrase haletante, heurtée, scandée, rapide (une réussite stylistique), Maryse fait vivre l’ambiguïté des sentiments, des émotions, qui permettent à un adulte de laisser croire à des enfants abusés que tout va bien. Il faut dire que le père Scaglia est séduisant, il sait tout faire, il parle bien, il joue bien, il chante bien, il possède une culture énorme, il est libéral, entraîne les enfants jusqu’en Italie et en Grèce, pour des vacances inoubliables, et son charisme évident en impose aux enfants ainsi qu’à leurs familles. Contrairement à l’affaire parente, célèbre, que nous connaissons, le récit de Maryse Vuillermet n’offre pas le cadeau de la vengeance aux victimes du prêtre pédophile. Les témoignages sont prescrits (« Grâce à Dieu » se console Bazin, à l’instar de son modèle), l’Église est indifférente, hypocrite et calculatrice, les familles obstinément aveugles, la justice ne peut rien faire. A qui devra désormais s’adresser le pardon, dans une société sclérosée qui en refuse l’expression, ou pire : de le concevoir, puisqu’il ne s’est rien passé. « Le Vain combat », Maryse Vuillermet, La Rumeur libre. 152 pages, 20 euros.mentaires que le récit de l’autrice (il y a un cardinal de Lyon dont le patronyme de fiction : Bazin, est assez transparent). La troisième partie, brûlante, émouvante, stimulante, entraîne le lecteur dans la confession à lignes ouvertes d’un témoin qui n’a rien vu, a refusé de voir, n’a pas compris, a été enfin décillé par le suicide d’un ami perdu de vue et a décidé, dans l’espoir de se racheter à ses propres yeux, de se sauver par l’écriture. Par lui, par ce narrateur touchant et sa phrase haletante, heurtée, scandée, rapide (une réussite stylistique), Maryse fait vivre l’ambiguïté des sentiments, des émotions, qui permettent à un adulte de laisser croire à des enfants abusés que tout va bien. Il faut dire que le père Scaglia est séduisant, il sait tout faire, il parle bien, il joue bien, il chante bien, il possède une culture énorme, il est libéral, entraîne les enfants jusqu’en Italie et en Grèce, pour des vacances inoubliables, et son charisme évident en impose aux enfants ainsi qu’à leurs familles. Contrairement à l’affaire parente, célèbre, que nous connaissons, le récit de Maryse Vuillermet n’offre pas le cadeau de la vengeance aux victimes du prêtre pédophile. Les témoignages sont prescrits (« Grâce à Dieu » se console Bazin, à l’instar de son modèle), l’Église est indifférente, hypocrite et calculatrice, les familles obstinément aveugles, la justice ne peut rien faire. A qui devra désormais s’adresser le pardon, dans une société sclérosée qui en refuse l’expression, ou pire : de le concevoir, puisqu’il ne s’est rien passé. « Le Vain combat », Maryse Vuillermet, La Rumeur libre. 152 pages, 20 euros.